RDC: l'envoyé spécial américain veut une présidentielle en 2016

L’envoyé spécial des Etats-Unis pour la région des Grands Lacs, Russ Feingold, a conclu ce jeudi 5 juin sa visite de quatre jours à Kinshasa, en République démocratique du Congo. Il a rappelé les enjeux majeurs des prochains mois, à savoir le désarmement de la rébellion hutu rwandaise des FDLR et la tenue d’un scrutin présidentiel en 2016. De son côté, l’opposition exige un calendrier issu d’un consensus.

Russ Feingold a rappelé que le calendrier des élections tel qu’il a été publié pour le moment n’est pas satisfaisant, car il fait l’impasse sur les élections législatives et présidentielle. Ces élections, selon la Constitution, doivent pourtant se tenir en 2016. Or, pour la communauté internationale, c’est ce scrutin qui est le plus important. L’envoyé spécial des Etats-Unis a même conditionné l’aide financière américaine pour organiser ces élections à la tenue d’une présidentielle en 2016.

« Le calendrier partiel des élections qui a été publié par la Ceni (Commission électorale nationale indépendante) inclut des élections locales très onéreuses, mais n’inclut pas les élections plus fondamentales que sont les présidentielles. Mon conseil est que ça devrait se passer dans l’autre sens », a déclaré Russ Feingold.

« Organiser en premier lieu des élections très coûteuses qui ne sont pas exigées par la Constitution, et dire ensuite qu’il n’y a pas assez de fonds pour organiser les élections qui, elles, sont exigées par la Constitution, ce n’est pas une approche très crédible », a-t-il poursuivi.

« Si la Ceni et le gouvernement s’engagent à tenir les élections dans le délai prévu par la Constitution, je suis sûr que les ressources combinées de la RDC et de la communauté internationale seront suffisantes pour organiser ces élections. Et vous savez que lorsque je suis venu avec mon secrétaire d’Etat, il y a un mois, il avait déjà annoncé que des fonds supplémentaires des Etats-Unis seraient débloqués pour les élections. Mais pour nous, pour pouvoir donner cet argent et aider la RDC, la condition est qu’un calendrier global soit rendu public et que la Constitution soit respectée », a encore ajouté Russ Feingold.

De leur côté, une grande partie de l’opposition et de la société civile ont réclamé, ce jeudi, un calendrier plus consensuel des scrutins prévus en RDC d’ici à la présidentielle. Ils désavouent, ce faisant, celui publié par la Ceni. Dans une déclaration, ils exigent « l’élaboration d’un calendrier électoral issu d’un consensus entre les forces politiques et sociales », ainsi que « le parachèvement du cycle électoral 2011-2016 par la tenue des élections provinciales après la présidentielle et les législatives » décriées de 2011.


■ L’opposition et la société civile unies contre le calendrier électoral

Une fois n’est pas coutume, les principaux partis d'opposition et la société civile ont décidé de parler d’une seule voix. L’objectif : réclamer un nouveau calendrier électoral avec une date pour la présidentielle de 2016. Ces partis d’opposition rejettent ainsi de facto le calendrier publié par la Commission électorale. Jeudi, ils étaient une dizaine de formations politiques à signer une déclaration commune.

Comme l’opposition est souvent accusée d’être divisée, l’idée de cette déclaration commune était de montrer la capacité d’union de l’opposition. « Nous voulons éviter les critiques qui viennent de partout. Oui, les gens qui ne pensent pas la même chose que monsieur Kabila ne peuvent pas se mettre ensemble. Aujourd’hui, nous avons montré notre capacité à nous unir quand le pays est en danger », explique Martin Fayulu, président des Forces acquises au changement (FAC).

Le danger, c’est le report de la présidentielle en 2016. L’opposition craint que la décision de la Commission électorale d’organiser d’abord les locales et les municipales en 2015 provoque un retard de l’ensemble du calendrier électoral.

Pourquoi les élections locales dans un pays qui fait cinq fois la France sont longues et coûteuses à organiser ? Surtout quand il faut aussi faire un recensement. Résultat la dizaine de partis signataires veut procéder autrement, comme le détail Vital Kamerhe, président de l'Union pour la nation Congolaise (UNC) : « Terminons d’abord le cycle électoral qu’on a commencé en 2011. Terminons d’abord les provinciales, comme ça nous avons des gouverneurs et, en 2016, nous pouvons tranquillement faire l’élection présidentielle, les élections législatives nationales tout en sachant que la date butoir, c’est le 19 décembre 2016 à minuit ».

Une dizaine de formations politiques dont le premier parti d’opposition, l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), ont signé cette déclaration jeudi. Ils réclament l’élaboration d’un nouveau calendrier électoral. En cas de refus, ils menacent de retirer leurs délégués de la commission électorale et de mobiliser la rue.

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