Encerclé et confinés depuis décembre dans leur quartier, les musulmans du PK5 sont à fleur de peau. Lorsque la présidente appelle à désarmer toute la ville y compris le quartier musulman, les habitants du PK5 se voient déjà livrés aux hordes anti-balakas. Saoudi Dodo a participé à la marche de ce samedi contre le désarmement du quartier.
« C'est une manière claire de nous envoyer à la mort. Nous disons "non" ! On ne va jamais désarmer. Ce n'est pas la peine pour nous aujourd'hui de vouloir rester dans ce pays, parce que la présidente ne nous aime pas, elle est contre nous. Nous préférons que les Nations unies nous regroupent et nous sortent du pays. C'est tout ce que nous demandons. »
Pourtant, depuis décembre, ce sont les forces internationales qui protègent le quartier contre les attaques anti-balakas, et cela ne devrait pas changer. Quant au désarmement, Charles Malinas, l'ambassadeur de France à Bangui, rappelle qu'il est prévu par les résolutions onusiennes.
« La réaction des musulmans du kilomètre 5 n'est pas étonnante. En même temps, ce qu'a dit la présidente, ce n'est jamais que ce que prévoit les résolutions du Cconseil de sécurité et que les forces en présence mettent en oeuvre au travers de ce qu'on appelle dans notre jargon les "mesures de confiance" qui permettent le désarmement, mais le désarmement en sécurité. Parce qu'il ne faut pas que les musulmans du kilomètre 5 se retrouvent en danger du jour au lendemain. »
Mais au PK5 les habitants ont parfois le sentiment que le pouvoir de transition leur est hostile. La peur et les fantasmes sont nourris par six mois de violence quotidienne dans ce quartier d'où les musulmans ne peuvent sortir sans risquer leur vie.