Une femme, sac à main et joli pagne, ne cesse d’interroger l’agent de douane. Cette Congolaise n’en revient pas. A Kinshasa depuis samedi pour rendre visite à sa mère, la jeune femme - résidente de Brazzaville - vient de se faire refouler à la douane. « Ce n’est pas normal. Je suis surprise. Je viens ici et on me dit que je ne passe pas, je dois faire un passeport. Ce n’est pas normal ! Je ne vais pas aller à Paris ou au Gabon ! Nous sommes des Congolais ! Les pays de Brazzaville et de Kinshasa, nous sommes des voisins sympas. Ce n’est pas normal. Il faut annuler ça. »
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Résultat, dans la salle d’attente face au fleuve, il n’y a que des Congolais de Brazzaville ce matin-là. Yolande le confirme. Elle aussi va devoir faire un passeport pour la traversée de dix minutes. Une galère. « Ça nous complique quand même la vie, parce qu’on avait l’habitude d’y aller et de rentrer avec sa carte d’identité. Sans laissez-passer, on passe tranquillement. Mais si vous avez une urgence, par exemple, à Kinshasa ? Qu’est-ce que vous allez faire ? Attendre deux, trois semaines le passeport », s'emporte-elle. Sa voisine kinoise renchérit : « Il faut payer le passeport, c’est 150 dollars, chercher un visa de 80 dollars, c’est un peu pénible pour les petites gens qui n’ont pas les moyens de vivre ».
Kinshasa dit vouloir dialoguer avec les autorités de Brazzaville, mais en attendant, les habitants des deux rives se sentent pénalisés par ces nouvelles mesures.
■ Du côté de Brazzaville, on joue l’apaisement
Il faut dépassionner le débat, c’est le message qu'entend faire passer Brazzaville auprès de Kinshasa après l'instauration par la RDC de visas pour les ressortissants congolais. Nous respectons cette mesure, précise Brazzaville, qui n'indique pas si elle appliquera la réciprocité.