Guinée-Bissau: plus de 775 000 électeurs élisent leur président

La Guinée-Bissau, Etat miné par la violence politico-militaire, vote ce dimanche 18 mai pour le second tour de l’élection présidentielle. Le pays souhaite ainsi tourner la page de deux ans de transition ouverte le 12 avril 2012 par un énième coup d'Etat militaire.

Avec notre envoyée spéciale à Bissau, Carine Frenk

Au bureau de vote n°13 de Bissau - l'un des 3048 bureaux que compte le pays -, les premiers électeurs sont arrivés dès 5 h ce matin, bien plus tôt que pour le premier tour. Tout semble sous contrôle, toutes les conditions sont réunies pour que ce deuxième tour se passe comme prévu. Les représentants des deux candidats sont également présents pour veiller au bon déroulement de cette journée.

Un peu plus de 775 000 électeurs sont ainsi appelés à choisir entre José Mario Vaz, candidat du PAIGC, le Parti africain pour l'indépendance de la Guinée et du Cap Vert, qui domine la vie politique depuis l’indépendance, et Nuno Nabiam, candidat sans étiquette mais qui bénéficie du soutien du PRS de feu Kumba Yala, l’ancien président.

Un premier tour exemplaire

Le 13 avril dernier, le 1er tour de la présidentielle s’est déroulé de bien belle manière, sans la moindre tension… Un vote massif, du jamais-vu : près de 90 % de participation. Dans la capitale, les électeurs ont délivré un message sans équivoque aux militaires : « Nous ne voulons plus de coup d’Etat. La Guinée-Bissau ne s’en remettrait pas ». « Le premier tour a été exemplaire, il n’y a aucune raison de penser que le second tour puisse se passer autrement », explique un observateur de la Cédéao.

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Comme pour le 1er tour, la campagne électorale s’est déroulée dans une ambiance de fête. Comme pour le 1er tour, la Commission nationale électorale se dit confiante. Et comme pour le 1er tour, c’est le moment de la proclamation des résultats et les mois qui vont suivre l’élection que chacun redoute. Du côté des Nations unies on se déclare optimiste. « Nous avons rencontré Antonio Indjai, le chef d’état-major, nous avons reçu l'assurance des militaires qu'ils vont accepter les résultats », a affirmé le prix Nobel de la paix José Ramos Horta. Et le représentant spécial de l'ONU à Bissau d’ajouter : « Je suis sûr qu'il n'y aura pas de problème. Le climat est propice pour qu'on puisse inaugurer un nouveau chapitre dans l'histoire de la Guinée-Bissau. »

Les bureaux de vote sont ouverts ce dimanche de 7 h à 18 h TU.


 ■ ZOOM sur les deux candidats en lice

Fort de ses 41 % du 1er tour, José Mario Vaz, n’est qu’à quelques encablures de la victoire finale, d’autant qu’il dispose d’une plus grande réserve de voix que son adversaire. Ancien maire de Bissau, ancien ministre des Finances de 2009 à 2012, on le surnommait « Monsieur 25 du mois » parce qu’il payait les fonctionnaires le 25 de chaque mois alors qu’ils cumulent aujourd’hui plusieurs mois d’arriérés.

Mais pour contrecarrer cette réputation de bon gestionnaire, ses adversaires rappellent que sa candidature a été contestée par le procureur général à cause d’une enquête sur un détournement d’une partie d’un don angolais de 12 millions de dollars. L’acte d’accusation circule sur internet depuis quelques jours.

Face à lui, Nuno Nabiam, un ingénieur de l’aviation civile. Pour inverser la tendance, il mise notamment sur les divisions au sein du PAIGC, où certains responsables déclarent, micro fermé, qu’ils ne voteront pas pour le candidat de leur parti. Candidat indépendant, inconnu sur la scène politique, Nuno Nabiam a bénéficié du soutien de l’ancien président Kumba Yala, décédé le 4 avril. Ses détracteurs lui reprochent de n’être que « le pion du général Antonio Indjai », le chef d’état-major de l’armée qui a dirigé le putsch, en avril 2012.

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