Derniers hommages à Camille Lepage en Centrafrique

Le corps de Camille Lepage doit quitter la Centrafrique ce jeudi 15 mai dans l’après-midi, pour arriver vendredi matin en France. Ceux qui veulent lui rendre un dernier hommage pourront s’incliner dans la matinée devant son cercueil au camp Mpoko. Pour les journalistes ce nouveau drame rappelle la difficulté de travailler en Centrafrique.

Ce sera le dernier hommage de ceux qui l’ont connue ou qui ont travaillé avec elle en Centrafrique. L’ambassade de France a annoncé qu’une chapelle ardente serait ouverte aujourd’hui dans la matinée de 9h30 à 10h30 au camp Mpoko, la base de la force Sangaris à Bangui. Puis le corps de Camille Lepage s’envolera vers la France aux environs de 16h00, à bord d’un vol cargo.

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Après avoir passé la nuit dans la localité de Bouar, la dépouille mortelle de notre consoeur est arrivée mercredi matin dans la capitale centrafricaine, transportée par un avion Casa de l’armée française. Elle a été accueillie sur la piste du camp par le commandant de la force Sangaris, l’ambassadeur de France, Charles Malinas, et la ministre centrafricaine de la Communication, Antoinette Montaigne. Puis il a été déposé sous l’une des tentes de l’infirmerie du camp pour des expertises destinées à établir l’acte de décès.

L’enquête, par ailleurs, a commencé en Centrafrique avec l’audition des dix miliciens anti-balaka qui transportaient le corps de Camille dans leur pick-up. Arrêtés dans les environs de Bouar, ces miliciens ont été transférés sur Bangui. Selon la force africaine Misca qui procède à leur interrogatoire avec des gendarmes français, les miliciens doivent à nouveau être entendus aujourd’hui.

Série noire pour les journalistes

La mort de Camille Lepage marque une série noire pour les journalistes en Centrafrique. Après deux journalistes centrafricains, Désiré Sayenga et René Padou, c'est donc une jeune journaliste étrangère qui a été victime de l'insécurité en RCA, dans l'exercice de son métier.

À la Maison de la presse, qui sert de lieu de rencontre et de siège social pour différentes organisations de journalistes, il n'y avait pas foule mercredi en début d'après-midi. Peu de monde et d'une humeur sombre. Eddie Stéphane Douali travaille au quotidien Le Citoyen. Camille, dit-il, fait partie de ceux qui ont permis au monde d’ouvrir les yeux sur son pays. « Je me sens vraiment touché, très touché par le décès de cette consoeur, témoigne-t-il. Elle ne méritait pas ça. C’est grâce au travail des journalistes que la communauté internationale a pu se rendre compte de la gravité de cette crise. »

Des journalistes fragiles face aux hommes armés

Pour Cyrus Emmanuel Sandy, président du Groupement des éditeurs de la presse privée (Geppic), la mort de Camille Lepage vient rappeler à quel point les journalistes centrafricains eux-mêmes peuvent être fragiles face aux hommes armés. « À l’intérieur du pays, explique-t-il, un journaliste ne peut pas écrire ce qu’il veut, uniquement parce que le simple fait de dire la vérité va gêner ceux qui agissent mal. Qu’il s’agisse des ex-Seleka ou des anti-balaka. Et du coup, le risque d’être ciblé, d’être assassiné, est réel.»

Hier mercredi, le Geppic a publié un communiqué dans lequel il condamne l’assassinat de Camille Lepage, et appelle les forces internationales à accélérer le désarmement des groupes en Centrafrique.

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