Ils sont une dizaine de grands gaillards. Adossés une géante trottinette en bois à attendre le client. Tous sont « tshukudeurs », ces hommes que l’ont croise sur toutes les routes de Goma. A bord de leur trottinette, composée d’une planche d’un peu plus d’1m et deux roues, petite à l’arrière et grande à l’avant, ils transportent toutes sortes de marchandises.
« Moi, comme je n’avais pas de travail, je me suis dit que j’allais devenir "tshukudeur"
J’ai commencé par tansporter les cartons sur la tête. Au fur et à mesure, j’ai gagné un peu d’argent et j’ai pu acheter mon tshukudu », raconte Massoumbé, 19 ans, « tshukudeur » depuis maintenant six ans.
Apparition de petits métiers
En effet, pour être « tshukudeur », il faut pouvoir investir. L’engin, fabriqué à la main, coûte 80 dollars minimum. Jackson, un gros bonnet sur la tête, pilote son tshukudu depuis deux ans. Grâce à ses petits salaires, entre 2 et 10 dollars suivant les jours, il a pu construire une petite maison à l’extérieur de Goma.
« Ce n’est pas facile d’être "tshukudeur", car dans un tshukudu, il n’y a pas de moteur. Il faut de la force pour pousser cette machine avec de la marchandise, mais qu’est-ce que j’ai comme choix ? Je suis bien obligé de supporter ça si je veux travailler ! », explique-t-il.
Ces « tshukudeurs », aujourd'hui érigés en symbole de Goma où l’engin a été inventé, révèle aussi l’énorme besoin de travail de tous ces jeunes. Faute d’entreprises pour embaucher, chacun s’invente des petits métiers : cireurs de chaussures ou encore manucureur ambulant.