Avec notre correspondant à New York, Karim Lebhour
Ce débat sur la prévention des génocides était pour le Conseil de sécurité une séance d’autocritique. Colin Keating en était le président en avril 1994. Vingt ans plus tard, le diplomate néozélandais a présenté ses excuses. Le Conseil de sécurité, a-t-il dit, n’a pas su reconnaître qu’un génocide était en cours au Rwanda.
L’ambassadeur rwandais a exigé de l’ONU d’être plus rapide pour déployer des casques bleus. Le Rwanda a aussi bataillé pour que l’expression « génocide au Rwanda » soit changée par « génocide contre les Tutsis », en ajoutant que des Hutus et d’autres personnes opposées au génocide ont également été tués.
Cette formulation est sévèrement critiquée à l’ONU, particulièrement par les États-Unis qui jugent que cela attise les tensions ethniques. Le Rwanda a finalement eu gain de cause, mais les diplomates onusiens confient que rien ne garantit que cette expression de « génocide contre les Tutsis », acceptée avec réticence, sera toujours utilisée quand le Rwanda quittera son siège au Conseil de sécurité à la fin de l’année.
France : Hubert Védrine auditionné à l’Assemblée nationale
Les récentes déclarations de Paul Kagame qui a dénoncé le « rôle direct » de la France « dans la préparation politique du génocide » et « la participation de cette dernière à son exécution » ont tendu les relations entre Paris et Kigali et ouvert une fois de plus le débat dans la société française sur les décisions des autorités françaises à l'époque.
En 1998, une première mission d'information de l'Assemblée nationale dirigée par Paul Quilès s'était basée sur des milliers de documents confidentiels déclassifiés. Ces derniers temps, des associations ont exigé que de nouveaux documents officiels, notamment des câbles diplomatiques, des éléments classés « secret défense » de l'armée, soient à leur tour déclassifiés. C'est dans ce contexte que la commission de défense a souhaité auditionner Hubert Védrine qui était secrétaire général de l'Élysée entre 1991 et 1995.