Le ministère public a visiblement tenu à se montrer nuancé sur le degré de culpabilité des différents accusés dans ce procès, dit de Minova. Dans le détail : l’auditeur militaire a requis la peine de mort d’abord pour une personne, un sous-officier accusé d’avoir tué un adolescent de 14 ans qui s’était opposé à ce que les militaires lui volent les chèvres qu’il gardait. Ensuite, la perpétuité a été requise pour 25 sous-officiers et hommes de rang. Ces prévenus sont poursuivis pour crimes de guerre, accusés de viols ou pillage.
Le représentant du ministère public a enfin requis dix ans de prison pour deux officiers accusés d’avoir démoralisé et abandonné les troupes. Et enfin deux ans de prison seulement pour onze autres officiers. L’auditeur militaire leur a reconnu des circonstances atténuantes en ayant fermé les yeux sur les agissements de leurs subalternes.
Des victimes soulagées
Du côté des avocats des victimes, on se dit satisfait, soulagé que le mot acquittement n’ait pas été prononcé. Sur les 39 prévenus, l’Etat a en effet requis que chacun d’entre eux soit condamné. Ce qui veut dire que leur culpabilité a été reconnue. En revanche, ce qui fait débat, ce sont les circonstances atténuantes pour presque tous les officiers supérieurs. Les avocats des victimes parlent de complaisance. Ils s'interrogent : ne s'agirait-il pas de deux poids deux mesures entre les officiers et les simples soldats ?
Les viols et pillages à Minova en 2012 ont eu lieu sur plusieurs jours. Pour les avocats des victimes, les officiers ont donc eu largement le temps d’intervenir pour stopper cette violence. Ils ne l’ont pas fait. Des peines plus sévères auraient donc dû être requises. Enfin, ce qui choque les parties civiles c’est que la peine de deux ans requise est en deçà de la peine minimum de cinq ans prévue par la loi quand il s’agit de crimes de guerre.
Mais il faut rappeler qu’il ne s’agit aujourd’hui que du réquisitoire. Le juge est libre de faire d’autres choix tout est donc encore possible : l’acquittement comme des peines plus lourdes. Demain commencent les plaidoiries de la défense. Pour le verdict, il faudra sans doute attendre jusqu’à la fin du mois d’avril.