Le 6 avril 1994, de retour d’Arusha en Tanzanie où les pays de la région venaient de se pencher sur les crises burundaise et rwandaise, le président Cyprien Ntaryamira mourait dans l’attentat contre l’avion de son homologue rwandais à bord duquel il se trouvait. À Bujumbura, ce lundi 7 avril, la cérémonie en mémoire de l’ancien chef d’État burundais a été très sobre. Messe en la cathédrale Regina Mundi, dépôt de fleurs sur la tombe du défunt président, mais aucun discours officiel.
Aucune allusion non plus à l’événement planétaire du jour, le génocide des Tutsis du Rwanda en 94, qui a suivi l’attentat contre l’avion qui transportait les chefs d’État burundais et rwandais. « Je pourrais dire que c’est une erreur, regrette Sylvestre Ntibantunganya, qui a succédé à Ntaryamira. On doit en parler parce qu’effectivement, l’histoire de nos deux pays est liée sous plusieurs aspects. On doit en parler pour dire ‘voilà ce que nous devons éviter’ au niveau du Burundi, qu’on dit frère-jumeau du Rwanda ».
Ces deux pays de la région des Grands Lacs ont la même composition ethnique, pratiquement la même superficie et géographie, des langues voisines et ils ont connu tous les deux les affres des guerres interethniques. Mais contrairement au Rwanda, le Burundi a opté pour un accord de paix signé à Arusha en 2000 qui a abouti au partage du pouvoir entre Hutus et Tutsis, dans tous les domaines. L’ancien président burundais estime aujourd’hui que les voies empruntées par les deux pays peuvent toutes aboutir à la réconciliation nationale.