Difficile retour à la normale à Bangui

En Centrafrique, la crise de ces derniers mois a mis à genoux la plupart des institutions. Dans des conditions difficiles et avec peu de moyens, le gouvernement tente de relancer les principales institutions telles que la police, la justice, la santé et l’éducation.

A la prison de Bangui, le nouveau régisseur vient de prendre fonction. Son objectif est de boucher les trous dans cette prison passoire où, vendredi dernier encore, onze détenus se sont évadés.

A Bangui, il n’y a plus ni police ni gendarmerie fonctionnelle. Ce sont les forces étrangères qui interpellent les délinquants. Désormais, ils peuvent au moins, être incarcérés en attente de jugement.

Et justement, la justice a décidé d’être ferme dans cette ville où règne l’anarchie. « Tous ceux qui commettent des crimes dans ce pays doivent être poursuivis et ils ont été mis en garde. Il faut que la justice soit forte parce que le contexte l’exige. On ne peut pas faire la réconciliation s’il y a l’impunité », a déclaré Isabelle Gaudeuille, ministre de la Justice.

Les magistrats vivent dans la terreur

Une politique difficile à mettre en œuvre tant que les magistrats ne se sentent pas en sécurité. En novembre, la Seleka a assassiné un juge et depuis, les magistrats vivent dans la terreur.

« Dans nos différents quartiers, quand on pose nos actes, ici, au sein du tribunal, on te poursuit dans ton quartier pour te kidnapper, pour te faire du mal », explique ainsi ce greffier de façon anonyme.

Des milliers de grenades et d’armes circulent

Pour restaurer l’ordre, il faut réarmer la police et la gendarmerie. Mais pour l’heure, l’embargo international l’interdit, ce qui inquiète les Banguissois. « On a entendu dire qu’il y avait embargo sur les armes. Est-ce que cet embargo est levé ? Non. Comment faire alors, pour restaurer l’Etat ? », se demande cet étudiant.

En attendant, des milliers de grenades et d’armes circulent dans la capitale. Le ministre de la Défense Thomas Tchimangoua, ainsi que tous ses collègues travaillent a recréer des unités opérationnelles. Mais la délinquance est telle qu’il faudrait aller plus vite pense.

« C’est du banditisme, s'insurge-t-il. La gendarmerie et la police - dès qu’elles seront mises en place – finiront avec cela », dit-il.

Les anti-balaka imposent leurs lois

En attendant les milices anti-balaka imposent leur loi. Le colonel « Douze Puissance », qui revendique 2500 anti-balaka, veut des assurances sur le désarmement.

« Les musulmans peuvent rester au Pk5 et au Pk12. Qu’ils soient désarmés. Que les anti-balaka soient également désarmés, dans le processus normal du désarmement et la paix y reviendra », a demandé le colonel.

Bangui est au milieu du gué, entre l’anarchie et le retour à l’ordre. Et sans un appui massif de la communauté internationale, la normalisation est impossible.

 → A (RE)LIRE : Le chef des anti-balaka appelle le gouvernement à dialoguer

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