Environ 3 000 musulmans, dont 150 orphelins survivent au PK-12, l’une des deux dernières enclaves musulmanes de Bangui. Beaucoup de ces déplacés dorment à même le sol au bord de la route. La nourriture est rare, la sécurité tout autant. La plupart ont fui les violences, beaucoup ont perdu des enfants ou des parents. « Cela fait trois mois que je suis ici, trois mois que je dors dehors avec les enfants. Il y en a des malades, de fièvre jaune, de paludisme. Même moi je suis mal. On souffre trop », raconte Yaya, d’origine soudanaise, qui vit à Bangui depuis quarante ans.
Abdel Haffiz, professeur d’économie, est l’un des responsables de cette communauté naufragée. Pour lui l’avenir passe par l’exil vers le nord. « Tous ceux qui ont quitté leurs maisons et qui se sont retrouvés ici n’ont plus rien chez eux. Leurs maisons ont été pillées, détruites. Là où nous sommes, les gens sont démunis. On est menacés jour et nuit, on nous agresse tout le temps avec des armes, avec des grenades, et il n’y a personne pour nous protéger », s’indigne-t-il.
Anour Dibrine a tout perdu lui aussi. Désormais, son objectif est simple : partir pour Kabo, une ville où les musulmans sont majoritaires. « Kabo est mieux sécurisée. Ma femme et mes enfants sont déjà là-bas. Je ne reviendrai pas tant que la situation ici ne se sera pas calmée. Dans le pire des cas, le mieux serait de scinder le pays, avec les musulmans au nord et les chrétiens au sud », considère Anour.
Mais le dernier convoi sécurisé est parti il y a déjà un mois. Depuis plus rien. Chaque jour, les déplacés prient pour que les Nations unies affrètent un convoi. Mais rien ne bouge. Les déplacés du PK-12 se sentent abandonnés.