Dans ce rapport intitulé « Exploitation sous prétexte d’éducation », Human Rights Watch part du constat que les enfants talibés vivent toujours dans la précarité, mendient entre une et cinq heures par jour et sont, pour beaucoup, victimes de sévices. Pour résoudre ce problème, l’ONG américaine recommande l’accélération de la réforme des écoles coraniques qui, jusqu’à présent, sont dépourvues de statut réglementaire.
Le poids des lobbys
D’après une cartographie publiée la semaine dernière par la cellule de lutte contre la traite des personnes, les 1 006 écoles coraniques situées dans la capitale brassent 54 160 élèves dont 30 160 qui seraient des enfants mendiants. Pour Ndiokhor Mbaye Diouf, le directeur des Droits et de la Protection de l’enfant, le gouvernement se heurte à des lobbys dans ses efforts pour lutter contre ce phénomène. « Le gouvernement travaille à mettre en œuvre ce plan d’action stratégique, établi à cinq milliards et cinq millions [ de francs CFA, ndlr]. Vous avez constaté qu’il y a des lobbys, aujourd’hui, qui contraignent l’Etat à ralentir l’application de cette loi. La question de la mendicité est une responsabilité collective à laquelle doivent s’atteler aussi bien la société civile, les religieux et la communauté dans son ensemble », a précisé à RFI le directeur des Droits et de la Protection de l’enfant.
Sur le plan juridique, cinq décrets et un projet de loi sur la modernisation des écoles coraniques sont à l’étude pour réformer ce système éducatif. Parmi les pistes de réflexion, celle qui prévoit de créer des cantines dans les daaras, de mutualiser l’aumône et d’accompagner les familles des élèves.