« C'est la fin d'un épisode douloureux, les autorités ont enfin compris que sa place n'était pas en prison », se réjouit maître Moktar Trifi, l'un des avocats de Jabeur Mejri. Ce jeune homme a passé deux ans derrière les barreaux pour avoir notamment diffusé des caricatures du prophète.
Me Trifi se dit satisfait mais reste sur ses gardes, car Jabeur est encore poursuivi dans une autre affaire. Celle-ci a d’ailleurs repoussé sa libération alors qu'il bénéficiait d'une grâce présidentielle depuis le 13 février. Il est accusé d'avoir détourné des abonnements de train quand il était employé d'une société de chemins de fer et risque pour cela jusqu'à dix ans de prison en raison d’une plainte déposée en 2011.
Le retour des méthodes de l’ancien régime ?
Me Ahmed Mselmi, un autre de ses avocats s'interroge : pourquoi a-t-il été auditionné par le juge d'instruction trois ans après l'ouverture de la procédure ? Son comité de soutien y voit un rappel des méthodes de l'ancien régime : « Utiliser un motif de droit commun pour justifier le maintien en détention d'un prisonnier d'opinion ».
Le président Moncef Marzouki, a longtemps refusé de libérer Jabeur Mejri, arguant qu'il pourrait être menacé par des extrémistes. Ce mardi, sa défense a réclamé des mesures pour sa sécurité au responsable régional. Dans l'affaire des caricatures, un autre jeune Tunisien, Ghazi Beji avait, lui aussi, été condamné par contumace à sept ans et demi de prison. Il avait fui la Tunisie et a obtenu l'asile en France où il se trouve toujours.