Polémique au Cameroun sur les décrets de remises de peine

Après les décrets de commutation et de remises de peines signés par Paul Biya qui ont conduit, entre autres, à la relaxe de Titus Edzoa et Michel Thierry Atangana, la polémique enfle. Une partie de l'opinion redoute la sortie annoncée de prisonniers de droits communs et de condamnés pour détournements.

Les critiques les plus acerbes se focalisent autour de l’opportunité même de ces décrets de remise de peine qui pour la première fois ont permis d’élargir des personnes condamnées pour des faits de détournement.

Pour Moussa Njoya, politologue, « les détournements de deniers publics ne concernent pas seulement la personne du chef de l’Etat ! C’est un crime contre la globalité de la société. Parce que cet argent qui est détourné devait servir à acheter des médicaments, à construire des routes, fournir de l’eau et de l’électricité aux Camerounais. Qu’aujourd’hui on décide de les élargir sans qu’il n’y ait eu un consensus, ne serait-ce qu’au niveau du Parlement, pourquoi procéder à de telles décisions ? Je pense qu’il y a un problème ».

Même l’annonce de la relaxe par milliers des prisonniers de droit commun est loin de faire l’unanimité. « Lorsqu’on annonce la libération de milliers de prisonniers de droit commun, explique Joseph Baïga, un commerçant, donc en théorie des criminels, a-t-on pensé une seule fois à leurs victimes ? Et puis ne peut-on pas craindre qu’une fois réinjectés ainsi dans la société, ces ex-prisonniers ne fassent à nouveau croître l’insécurité ? ».

Le débat suit ainsi son cours, sans influer cependant sur la conduite de l’opération qui a déjà vu l’élargissement de cinq personnes.

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