Plus d’un mois après l’accord sur un cessez-le-feu au Soudan du Sud, le conflit se poursuit sur le terrain, et plusieurs organisations témoignent d’exactions commises par les deux camps. Mercredi, l’opposition représentant Riek Machar a, de plus, expliqué pourquoi elle refusait de signer les modalités de mises en œuvre des équipes de soutien à la cessation des hostilités : selon elle, la zone de Nasir, qu’elle contrôle, a été ajoutée, et les zones sous domination gouvernementale devraient donc l’être aussi.
Les négociations sont donc toujours aussi tortueuses, et un nouveau personnage vient de faire son apparition : Angelina Teny, l’épouse de Riek Machar, le leader de la rébellion. Certains l’appellent « Mama démocratie ». Mais Angelina Teny n’a pas joué l’apaisement ce mercredi 26 février à Addis-Abeba.
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Certes, son témoignage était souvent emprunt d’émotion quand elle a raconté sa fuite de Juba le 16 décembre, quand elle a évoqué des proches exécutés par les troupes gouvernementales, ou quand elle a estimé que le conflit au Soudan du Sud n’était pas ethnique.
Mais ce qui a marqué le plus, ce sont les mots qu’elle a utilisés pour parler du président Salva Kiir. Si elle l’a longuement soutenu et alors que les négociations sont en cours, elle estime dès aujourd’hui son départ inéluctable : « Pouvons-nous encore travailler ensemble ? Je partage plutôt le sentiment que la meilleure chose maintenant est que Salva Kiir démissionne. Je ne sais pas s’il a encore la moindre part d’humanité en lui. Je ne comprends pas comment il peut encore se prétendre président, alors qu’il a tué ses enfants, ses frères, ses sœurs ».
Un fossé toujours plus profond
En dépit de leurs charges violentes et personnalisées contre Salva Kiir, Angelina Teny et l’opposition font pourtant toujours mine de croire dans le succès de cette deuxième phase de négociation politique, et donc dans la réconciliation nationale.
Des discussions qui semblent pourtant mal engagées, alors même que le cessez-le-feu signé fin janvier n’a jamais été effectif et qu’au fil des exactions le fossé continue de se creuser entre les deux camps.
Mercredi, le général Alfred Lado, arrivant lui aussi du terrain en évoquant le chiffre de 20 000 morts depuis le début du conflit, n’hésitait ainsi pas à accuser Salva Kiir de génocide contre l’ethnie Nuer.