Avec notre correspondant à Bangkok, Arnaud Dubus
Au début décembre, le Premier ministre de Thaïlande, Yingluck Shinawatra, avait dissous l’Assemblée nationale et appelé à des élections alors qu’elle était attaquée de toutes parts par un puissant mouvement antigouvernemental.
Elle espérait ainsi renouveler son mandat populaire par la voie des urnes. Mais après la clôture du scrutin, il est clair que cet objectif n’est pas atteint. Non seulement le scrutin a été boycotté par le principal parti d’opposition, mais les résultats n’en sont même pas connus, car le vote n’a pas pu se tenir dans 10% des circonscriptions.
De plus, l’opposition demande à la Cour constitutionnelle de statuer sur la validité des élections, affirmant que leur organisation a dérogé à certaines dispositions de la charte fondamentale.
Enfin, Yingluck est l’objet d’une enquête de la commission anticorruption pour malversation dans le cadre d’un programme de subventions aux riziculteurs. Cette enquête pourrait aboutir au limogeage du Premier ministre.
Au lieu de permettre de sortir le pays de la crise, ces élections donnent donc plutôt l’impression de l’y enfoncer. Et l’annonce d’élections anticipées le 23 février laisse à penser que l’enlisement va se poursuivre. Un enlisement qui commence à peser sérieusement sur l’économie du royaume.
Les investissements étrangers et le tourisme risquent de pâtir des troubles politiques
En 2012, la Thaïlande a enregistré une croissance très honorable de 6,5% mais en 2013 le ralentissement en Chine a eu pour effet de ramener cette croissance à 3% seulement.
Et 2014 ne s'annonce pas meilleure si la situation politique troublée continue. Pour l'instant, l'inflation reste faible et les réserves de change se maintiennent à un bon niveau mais la Bourse baisse et la monnaie nationale, le bath, se déprécie.
Selon la chambre de commerce de Thaïlande, le pays perd de 5 à 12 millions d'euros par jour depuis le début de la crise.
Deux secteurs porteurs de l'économie surtout sont en danger : l'automobile et le tourisme. Toyota mais aussi Honda et Ford ont implanté des usines, mais déjà Toyota est prêt à renoncer à de nouveaux investissements si le désordre persiste. Quant au tourisme qui représente 12% de la richesse nationale, il a perdu plus de 460 millions d'euros ces 3 derniers mois qui constituent aussi le plus haut de la saison touristique.