Avec notre correspondant à Addis-Abeba,
Même s’ils ont tous largement écorché son nom, chaque intervenant à la tribune de l’Union Africaine jeudi matin a tenu a féliciter Hery Rajaonarimampianina. Installé au premier rang entre les délégations libyennes et malawites, le nouveau président pouvait savourer la réintégration du pays dans la grande famille continentale, et a même pu faire rapidement ses armes puisqu’il a été le premier chef d’Etat à s’exprimer, en sa qualité de plus récent élu. Très à l’aise au micro, son discours valorisant la réconciliation nationale a été applaudi, et, quelques minutes plus tard, il était même rappelé à la tribune, Madagascar ayant gagné de manière inattendue un prix pour un programme de lutte contre le paludisme.
En français ou en anglais, Hery Rajaonarimampianina a jonglé avec les langues pour défendre la cause de Madagascar auprès d’un maximum d’acteurs présents au sommet. Dans la grande salle de conférences, il a pu s’entretenir rapidement avec ses pairs chefs d’Etat, le Guinéen Alpha Condé ou le Congolais Sassou Nguesso par exemple, qui lui ont tous témoigné de leur soutien. Reçu avec les honneurs, il pouvait donc pavoiser. « C’est vraiment une joie et je pense que c’est la victoire du peuple malgache, après cinq années d’absence. »
En début de journée, Hery Rajaonarimampianina avait pu participer à un sommet des chefs d’Etat de la SADC, où il a dû improviser quelques mots et, dans l’après-midi, il a fait sa première intervention sur la paix et la sécurité en Afrique, tout en multipliant les rencontres bilatérales avec des délégations européenne, française, algérienne, ou encore de la Banque Mondiale.
Invitation aux donateurs
Les discussions les plus décisives se sont cependant tenues discrètement dans des salles à part. Le nouveau président a ainsi pu resserrer les liens avec les Etats-Unis, encore prudents sur le cas malgache, ou entamer des relations avec la Russie qui pourrait l’inviter à Moscou dans les prochains mois.
Jeudi, il avait déjà vu des bailleurs de fonds traditionnellement importants pour la Grande Ile, l’Union Européenne, la Banque Mondiale ou la France, car l’objectif de tout ça est bien de monter, d’ici trois mois une conférence de donateurs prêts à aider Madagascar. « Tout le monde est invité à apporter son appui, et je pense que l’Union Africaine a vraiment un apport très substantiel par rapport à ça, en tant qu’organisation. »
Après avoir lancé une véritable opération de charme, Hery Rajaonarimampianina a quitté Addis Abeba dès ce vendredi après-midi, laissant au ministre des affaires étrangères, issu de l’ancienne équipe de transition, le soin de voir comment fonctionnait ce genre de levée de fonds, et de continuer à développer des relations qui s’étaient largement distendues depuis cinq ans.