Un triple limogeage justifié par des querelles internes. L'argument ne convainc pas vraiment les spécialistes. Toutefois, il existe bien une dimension sécuritaire dans cette décision.
La grande offensive contre Boko Haram, lancée en mai dernier dans le nord-est, n'a pas neutralisé le mouvement. L'attaque commise contre une base militaire de Maiduguri, début décembre, aurait d'ailleurs particulièrement échaudé le chef de l'Etat. Cet enlisement a engendré des rivalités parmi les forces armées au sein desquelles « des liens avec Boko Haram existent bel et bien », explique un spécialiste.
« Il peut s'agir d'une simple tolérance, d'une véritable complicité, voire de manœuvres cyniques pour faire échouer l'armée et justifier un budget militaire en hausse », dit un expert.
Mais le coup de balai cache également des enjeux politiques. A un an de la présidentielle, le Parti démocratique populaire (PDP) - le parti du chef de l'Etat - est en pleine déliquescence. Pour la première fois depuis quinze ans, le mouvement n'est plus majoritaire à la Chambre basse. Ce matin encore, onze sénateurs sont passés à l'opposition. Or, beaucoup sont convaincus que Goodluck Jonathan briguera un nouveau mandat.
Ayant perdu la main côté politique, le président nigérian tenterait de s'assurer le contrôle de l'appareil militaire, en espérant peut-être des succès sur Boko Haram d'ici le vote. Ou même, confie un spécialiste, « en vue d'un trucage du scrutin avec l'aide des forces armées ».