« Les cours de l'uranium ont chuté, cela pourrait nous amener à entendre les arguments d'Areva. Ce ne sera probablement pas la loi de 2006 qui s'appliquera ». Ces propos rapportés par l'agence Reuters ont été tenus samedi soir par le ministre des Affaires étrangères du Niger.
Une position qui tranche avec la fermeté avec laquelle depuis des semaines, le président Issoufou défend les intérêts de son pays. Mahamadou Issoufou a longtemps répété qu'il était temps que le Niger, l’un des pays les plus pauvres du monde, puisse profiter des dividendes de ses richesses naturelles.
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Le président nigérien aurait-il cédé aux pressions du groupe Areva ? Ce dernier a fait valoir que l'application de la nouvelle fiscalité reviendrait à fermer les sites de la Somair et de Cominac. Et effectivement, Areva a suspendu la production dans ses deux usines ces derniers jours, officiellement pour des raisons de maintenance.
Selon un proche du président Issoufou, chargé de ce dossier, le chef de l’Etat n’est pas prêt à brader les intérêts de son pays. Les propos de Mohamed Bazoum n'engageraient donc que lui. D'une part puisque le ministre des Affaires étrangères n'a pas de responsabilité sur ce dossier, fait-on savoir à RFI, et par ailleurs, l'application de la loi de 2006 n'est pas négociable.
Les deux parties confirment que les discussions se poursuivent. Le directeur général adjoint d'Areva doit rencontrer donc, ce lundi, les autorités nigériennes.
■ La région d’Agadez : vif mécontentement des habitants
Les habitants d'Agadez ont manifesté, dimanche après-midi, dans l'arène de la lutte traditionnelle de la ville. Ce meeting s'est tenu à l'appel du CRI, un nouveau Comité pour le renouveau et l'innovation. Une initiative de 16 ONG qui ont décidé de mettre en commun leur action pour être entendu par les autorités du Niger. Le CRI se dit déçu par les autorités nigériennes et souhaite faire entendre pacifiquement le mécontentement des populations.
Les populations de la région d'Agadez se sentent totalement oubliées des autorités nigériennes, et c’est pour cela qu’elles se retrouvent dans la rue, comme l’explique Abdulaye Baye Toumba, le porte-parole du CRI : « Les problèmes se posent surtout au niveau des secteurs comme l’éducation, où nous nous rendons compte qu’en fait les infrastructures scolaires sont vétustes et qu’il y a nécessité de les réhabiliter. Il manque également du matériel didactique, malgré la présence de sociétés minières et de toutes les organisations qui sont ici.
Il se pose aussi les problèmes au niveau du secteur de la santé. Nous avons nécessairement besoin d’un hôpital de référence. Ensuite il y a cette question d’emploi qui ne permet pas de favoriser la jeunesse et les jeunes diplômés au niveau de la région, qui sont de plus en plus nombreux, alors même qu’il y a des sociétés minières qui sont installées ici depuis plus de trente ans. Donc nous estimons qu’on doit favoriser les autochtones en leur donnant plus la chance d’accéder aux emplois dans les sociétés minières. Il y aussi cette question relative au tourisme. Nous estimons que le fait de définir Agadez comme étant une zone rouge n’est qu’un prétexte.
Le mal-être est général, il est devenu insupportable. Il y a donc nécessité de se réveiller, comme on l’a fait, et d’exprimer ce mal-être en s’adressant aux populations et en s’adressant aussi aux autorités ».
Les organisateurs de ce meeting vont remettre un mémorandum au gouverneur d'Agadez et au Premier ministre. Ils promettent de poursuivre leurs actions jusqu'à ce qu'ils soient entendus par Niamey.