Soudan du Sud: regain de tension à Bor

Au Soudan du Sud, la situation est de nouveau très tendue à Bor, à 200 kilomètres au nord de la capitale, Juba. Les combats ont repris jeudi 2 janvier et la ligne de front se trouverait actuellement à 50 kilomètres au sud de Bor. Cela alors que des pourparlers officiels sur un cessez-le-feu pourraient commencer en début de semaine prochaine.

Les combats ont été intenses ce vendredi, affirment plusieurs sources. Des chars et de l’artillerie y ont pris part. Les forces du président Salva Kiir essayaient de reprendre Bor, ville stratégique tombée aux mains des rebelles mardi dernier. Depuis, ceux-ci disaient marcher sur la capitale, Juba. Mais ils auraient été stoppés jeudi par les forces gouvernementales qui, hier, ont pris le dessus.

La mission des Nations unies au Soudan du Sud, la Minuss, s'inquiète. Car sa base à Bor abrite quelque 10 000 personnes qui ont fui les combats et qu’il faut nourrir. Or, si les combats reprennent à Bor, l’aide alimentaire ne pourra plus être acheminée, a confié à RFI le colonel Michael Chadwick, l’officier de liaison de la Minuss à Bor. L’ambassade des États-Unis à Juba a d’ores et déjà appelé tous les Américains se trouvant au Soudan du Sud à quitter le pays.

Alors que les combats s’intensifient sur le terrain, sur le front diplomatique, des discussions informelles ont eu lieu ce vendredi dans la capitale éthiopienne, Addis-Abeba, entre la délégation du président Salva Kiir et celle du chef rebelle Riek Machar et les représentants de l’Igad, qui regroupe les pays de l’Afrique de l’Est et de la Corne de l’Afrique. Des discussions des plus informelles, dans les couloirs et autour d’une table. Pour l’instant, donc, pas de face à face officiel.

Risques de déstabilisation régionale

Des membres de la communauté internationale, inquiets de la situation au Soudan du Sud, continuent d’arriver à Addis-Abeba, même si c’est l’Igad qui chapeaute les négociations. Pour Marc Lavergne, directeur de recherche au CNRS et spécialiste du Soudan, les délégations devraient trouver rapidement un accord sur un cessez-le-feu, au risque de voir le conflit s’aggraver :

« Je crois qu’il faut obtenir un cessez-le-feu, pour des raisons humanitaires bien entendu, mais aussi pour éviter que la contagion ne gagne et que des acteurs extérieurs commencent à approvisionner en armes des seigneurs de la guerre, comme on en a vu dans le passé, qui ont des velléités de monter en puissance et de vouloir eux aussi avoir accès à la manne pétrolière et, de manière plus générale, au pouvoir d’État ».

D’après Marc Lavergne, si les deux parties ne parvenaient pas à trouver un accord de cessez-le-feu, leurs forces sur le terrain pourraient donc rapidement devenir incontrôlables, et le conflit pourrait déstabiliser toute la région :

« Le pouvoir ougandais est relativement affaibli actuellement. Il a des difficultés avec la RDC voisine puisqu’il a des troupes en territoire congolais et il connaît une certaine usure. Le pouvoir ougandais est donc relativement facile à déstabiliser de la part de Khartoum, qui est l’allié de la LRA [Armée de résistance du Seigneur, ndlr] qui sème la dévastation dans l’ensemble de la région depuis maintenant plusieurs décennies.

Du côté de l’Éthiopie, il y a également des préoccupations, dans la mesure où elle est en train d’inaugurer un grand barrage sur le Nil Bleu. Elle est en plein développement économique et joue un rôle de puissance régionale qui la fait se sentir concernée par la stabilité de la région, que ce soit en Somalie ou bien au Soudan. »

Des pourparlers officiels sur un cessez-le-feu pourraient commencer en début de semaine prochaine.

Partager :