Menotté, entouré par un important dispositif de sécurité, Rafik Khalifa a donc signé son retour en Algérie. L'homme d'affaires désormais déchu a aussitôt été conduit à la prison de Blida à une quarantaine de kilomètres d'Alger.
Le milliardaire va dans les prochaines semaines devoir s'expliquer devant à la justice. Et pour cause, même s'il a déjà été jugé et condamné par contumace en 2007 à perpétuité, Rafik Khalifa n’a jamais comparu devant un tribunal algérien.
Il devrait ainsi être entendu seul et pour la première fois en qualité de témoin sur une affaire qui provoque un certain émoi dans le pays.
Le pouvoir algérien mis en cause
Il faut dire que le succès fulgurant de l'ancien « golden boy », qui a fait fortune à la fin des années 1990, alimente depuis des années les rumeurs sur l'origine des fonds.
Certaines associations algériennes de lutte contre la corruption, comme l'ANLC, avancent que Rafik Khalifa n'aurait jamais pu bâtir son empire sans le soutien du pouvoir en place.
Un pouvoir qui, selon l'association, ne prendra pas le risque de juger Rafik Khalifa, avant la présidentielle de 2014.
Ce que lui reproche la justice française
L'empire de Rafik Khalifa était bien implanté en France. Dès novembre 2003, la justice française s'est intéressée à de possibles malversations qui auraient accompagné la déconfiture des sociétés Khalifa Airways et Khalifa Rent A Car - société spécialisée dans la location de voitures de luxe.
La magistrate Françoise Méry Dujardin, en charge de l'instruction française, reproche à Rafik Khalifa des délits de banqueroute par dissimulation ou détournements d'actifs. Ainsi, plusieurs véhicules de luxe appartenant aux sociétés Khalifa auraient été vendus dans des conditions douteuses.
Un procès maintenu en France
Les soupçons portent également sur la vente de plusieurs villas à Cannes. Selon l'instruction, en juillet 2002, la société Khalifa Airways aurait déboursée 37 millions d'euros pour acheter des biens immobiliers, des villas revendues moitié prix l'année suivante.
Le procès de Rafik Khalifa en France doit normalement se tenir à Nanterre en juin prochain. Ce procès devrait donc se dérouler en l'absence du principal prévenu. Car la demande d'extradition formulée par la France semble désormais caduque, l'extradition vers l'Algérie étant prioritaire et effective depuis le mardi 24 décembre.
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