Tout le monde faisait dans la surenchère depuis quelques jours au Burundi. L’opposition jurait qu’elle allait battre le pavé demain, lundi, quoiqu’il arrive. Le pouvoir burundais, lui, se disait déterminé à réprimer par tous les moyens ce mouvement déjà qualifié de quasi-insurrectionnel. Et, preuve de sa détermination, il avait envoyé en première ligne le chef d’état-major de l’armée et le directeur général de la police nationale du Burundi, qui avaient lancé une sévère mise en garde à l’opposition, du jamais-vu dans ce pays.
Bref, la tension ne cessait de monter au Burundi, et alors que tous fourbissaient déjà leurs armes, l’esprit de Nelson Mandela a touché semble-t-il les leaders de l’opposition radicale burundaise, qui ont décidé d’honorer le grand homme à leur manière. « Tout le peuple burundais a eu l’occasion d’apprécier à sa juste valeur la grandeur d’esprit de cette icône du monde, lorsqu’il nous a conduit à la paix et à la renonciation nationale à travers les négociations d’Arusha, a déclaré le président de l’ADC-Ikibiri (Alliance des démocrates pour le changement), Léonce Ngendakumana. Pour honorer la mémoire de ce digne fils du continent, l’ADC-Ikibiri vient de décider de reporter la marche-manifestation qui était prévue ce lundi à un jour qui vous sera communiqué dans les jours qui suivent ».
Et Léonce Ngendakumana de lancer un appel au pourvoir pour qu’il renonce à enterrer la Constitution du Burundi, issue de l’accord de paix d’Arusha de 2000, en même temps que son principal initiateur, Nelson Mandela.