Ban Ki-moon: «Tôt ou tard, il devrait y avoir une mission onusienne en Centrafrique»

Ban Ki-moon a participé au sommet sur la paix et la sécurité en Afrique qui s’est achevé, ce samedi 7 décembre, à Paris. La situation en République centrafricaine a particulièrement été évoquée. Dans une interview accordée à RFI,  le secrétaire général de l’ONU a notamment jugé «urgent d’éviter toute détérioration supplémentaire» de la situation dans ce pays en plein chaos.

Pensez vous qu’il y aura, un jour, une mission onusienne en RCA ?

Comme vous le savez, lorsque j'ai recommandé aux Nations unies d'étudier les cinq options pour la République Centrafricaine (RCA), l'une de ces options était que nous puissions mettre en place une mission de maintien de la paix dotée d'un mandat robuste. Je sais que cela pourrait prendre un peu de temps ; le déploiement de la Mission internationale de soutien à la Centrafrique sous conduite africaine (Misca) est la bonne décision.

Mais ce que prévoit la résolution du conseil de sécurité numéro 2127 - à ma demande d'ailleurs - c'est qu'un rapport soit soumis, d'ici trois mois, sur la situation générale. C'est ce que je ferai. J'ai commencé des discussions avec les dirigeants africains de la région et dans leur esprit, il devrait y avoir tôt ou tard, une opération de maintien de la paix onusienne, dotée d'un mandat très solide. Les dépenses et les équipements seraient fournis par les Nations unies plutôt que par les contributions volontaires. Je crois qu'il existe un consensus dans la région et au sein du Conseil de sécurité sur ces points. J'en ai pris note et j'espère sincèrement que la Misca sera transformée en mission onusienne de maintien de la paix.

Avez-vous déjà les fonds nécessaires pour une telle opération, au cas où elle s’avérerait nécessaire ?

J'ai déjà mis en place un fonds spécial et je suis déjà très heureux de constater que l'Union européenne se soit déjà engagée à hauteur de 50 millions d'euros, hier. De même, comme vous le savez, le gouvernement français a déjà déployé plus de 1000 hommes sur le terrain.

La situation est très inquiétante et extrêmement tendue. Plus de deux cents personnes ont été tuées hier. Nous devons arrêter ces tueries de civils. Plus de 400 000 personnes sont déplacées. Et dans un sens, on peut dire que les quatre millions de Centrafricains - toute la population du pays – ont été affectées par ce conflit. Tueries, violences, violences faites aux femmes… nous devons arrêter tout cela. Pour cela, il nous faut soutenir la Misca et les soldats français qui opèrent sur le terrain.

Comment éviter les affrontements intercommunautaires ?

Je suis profondément préoccupé par le fait que la situation a débouché sur une extrême tension entre communautés religieuses, entre les communautés chrétiennes et musulmanes. Tout d'abord, nous devons apaiser la situation et promouvoir un dialogue inclusif. J'ai rencontré le Premier ministre de la république centrafricaine et j'ai parlé au général Djotodia.

Avec le déploiement de la Misca et des troupes françaises, je pense que nous pourrons faire face à cette situation, c’est à dire, arrêter, tout d'abord, la violence et fournir une assistance humanitaire et protéger les civils. Ce sont nos deux priorités.

Ce que j'attends des autorités centrafricaines, c'est qu'elles discutent avec toutes les communautés et avec tous les groupes afin que s'enclenche un processus de réconciliation. Il ne doit plus y avoir de graves tensions entre et au sein des différentes communautés religieuses, ethniques ou même avec d'autres groupes y compris la Seleka.

Partager :