Sommet de l’Élysée: François Hollande veut imprimer sa marque

Une quarantaine de dirigeants africains ont rendez-vous ce vendredi 6 décembre à Paris pour le Sommet de l'Élysée en grande partie consacré aux questions de paix et de sécurité. Il sera l'occasion pour le président Hollande d'exposer sa doctrine. Paris voudrait donner à ce sommet le même retentissement que le sommet de la Baule sous François Mitterrand en 1990.

François Mitterrand a marqué l'histoire des relations entre la France et l'Afrique avec le sommet de la Baule. Vingt-trois ans plus tard, François Hollande voudrait lui aussi laisser une trace lors de ce sommet de l'Elysée. Il devrait d'ailleurs répéter en détail ce vendredi sa doctrine des relations renouvelées entre la France et l'Afrique. Une doctrine, selon l'Élysée, basée sur le respect des partenaires africains et le souci de concertation.

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Pour Paris, les questions de sécurité sont désormais le socle de cette nouvelle relation. Le futur de l'Afrique, clame la France, se bâtira sur le renforcement de la capacité des Africains à gérer eux même leurs crises. Paradoxalement, c'est au moment où elle s'apprête à intervenir en République centrafricaine, apparaissant de nouveau comme l'ultime recours, que la France nie vouloir redevenir le gendarme de l'Afrique. Le pouvoir français en veut pour preuve qu'aucune décision d'intervention ne se prend plus désormais sans concertation étroite avec les instances africaines et multilatérales.

Cependant, la Côte d'Ivoire en 2011, le Mali et la Centrafrique cette année prouvent que si la France sert de catalyseur à la mise en place de forces africaines, rien ne serait possible sans les soldats tricolores. C'est pour mettre fin à cette situation que Paris soutient la mise en place de la future force africaine de réaction rapide. Reste qu'il y a dix ans, lors du sommet du Louvre, déjà consacré à la sécurité, la France avait lancé l'initiative Recamp. Dix ans plus tard, les capacités militaires des Africains n'ont pas été radicalement modifiées.


François Hollande en Afrique : deux guerres en un an

En septembre dernier, à la tribune de l’ONU, à New York, François Hollande lançait « un cri d’alerte » sur la Centrafrique. Un an plus tôt, au même endroit, c’était à propos du Mali. Résultat : une intervention militaire en janvier et une autre en décembre, une fois pour sauver un pays des terroristes, l’autre « pour sauver des vies humaines ».

François Hollande n’avait pas précisément le goût de l’Afrique avant de devenir président. Mais on n’échappe pas à ses responsabilités, à son devoir et au poids de l’histoire. Et même si « le temps de la Françafrique est révolu », comme l’avait proclamé François Hollande à Dakar en octobre 2012, lors de ses premiers pas présidentiels sur le continent, l’ancienne puissance coloniale se retrouve presque malgré elle à devoir jouer, dans l’urgence, le gendarme de l’Afrique. Plutôt seule d’ailleurs, comme si l’Europe déléguait ce rôle à la France.

C’est à l’occasion de l’opération Serval au Mali, quand sa main n’a pas tremblé, que François Hollande est devenu, aux yeux des Français, et même pour certains de ses proches, pleinement président. La guerre au Mali, hier, et la guerre en Centrafrique aujourd’hui, ont reçu le soutien presque unanime du pays. La politique africaine de François Hollande est bien le seul domaine où il fait consensus.

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