RFI : Votre première réaction à la mort de Madiba ?
Bantu Holomisa : Toutes mes condoléances à la famille de Nelson Mandela, au Congrès National Africain, à tous ceux qui ont admiré, suivi et qui se considèrent comme des amis de Madiba à travers le monde. Mandela, c'est quelqu'un qui n'hésitait pas à parler avec beaucoup de franchise aux décideurs du monde entier. Mais il était aussi capable de se lier avec toutes sortes de gens. J'ai travaillé à ses côtés depuis 1990. C'était un homme fort, quelqu'un de très courageux. Vous vous souvenez tous qu'il était l'un des premiers dans ce pays à appeler à la lutte armée contre le régime de l'apartheid quand d'autres voulaient encore négocier avec les Afrikaners. Mais c'est aussi lui qui a dit : « Arrêtez de vous battre ! », quand d'autres voulaient continuer à se battre. Et quand on regarde en arrière, on réalise qu'il a sauvé ce pays d'un bain de sang.
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Vous étiez l'un de ses proches amis, quel souvenir garderez-vous de lui ?
On a voyagé partout dans le monde avec Mabida, aux Nations unies, en Europe. Citez un pays, on y a été. Chaque fois qu'il m'introduisait, il disait : « celui qui voyage avec moi, c'est Bantu Holomisa, le dictateur du Transkei, du nom d'une des anciennes régions d'Afrique du Sud ». Il disait : « J'ai décidé de voyager avec lui parce qu'il est très populaire dans mon pays... Et j'ai peur qu'il retourne les masses populaires contre moi... » Ça c'était Madiba. C'étaient ces moments plein de légèreté que nous passions ensemble.
Qu'est-ce que sa mort va changer pour l'Afrique du sud ?
Rien ne va véritablement changer. Ce qui nous manque déjà, c'est de mieux comprendre encore ce que Mabida nous a enseigné. Il faut qu'on se souvienne de ses enseignements. La meilleure manière de le décrire finalement c'est de dire que c'était quelqu'un de discipliné et c'est ce qui nous manque aujourd'hui aussi.