Mali: les partis en lice pour le second tour des législatives

Au Mali, il est malaisé après la communication des résultats du premier tour mercredi 27 novembre de se représenter la physionomie politique de la future Assemblée. A l’issue du premier tour, le 24 novembre, aucun parti ou coalition de partis n'obtient la majorité. Et seuls une dizaine de sièges sur les 147 en jeu ont été pourvus.

Les listes emmenées par les grands partis traditionnels, dont celui du président Ibrahim Boubacar Keïta, le Rassemblement pour le Mali RPM, arrivent en tête dans la plupart des 55 circonscriptions.

→ à (re)lire : Aucune majorité obtenue au premier tour des législatives

L'Adéma appartient à la mouvance présidentielle

L'Adéma obtient 2 députés dès ce premier tour et assure être en ballotage favorable dans 34 des 48 circonscriptions où le parti a présenté des candidats. « L’Adéma a 52 députés dans l’Assemblée sortante. Maintenant, même si on n’atteignait pas ce nombre, on ne va pas en être très, très éloignés, explique Téméogo Sangaré, président par intérim de l'Adéma. Ce qui est très satisfaisant, vu tout ce qui s’est passé dans le pays – le passé a eu des difficultés – mais ce premier tour montre que nous avons pratiquement surmonté l’essentiel de cette difficulté. L’Adéma se maintient comme première force politique dans le pays, et donc incontournable, quel que soit le cas de figure qui va se présenter. C’est la confirmation de la suprématie de l’Adema sur la scène politique nationale.» Et il réaffirme l'appartenance de son parti à la mouvance présidentielle. «Le parti apporte sa contribution pour que le pays se relève... L’Adéma et le RPM professent la même philosophie politique, il n’y a pas de raison que l’Adéma se situe ailleurs que dans l’accompagnement du président de la République. Aujourd’hui, l’Adéma se positionne dans la mouvance présidentielle.»

Soumaïla Cissé et l'URD confiants

Soumaïla Cissé, finaliste malheureux de l'élection présidentielle, a été élu dès le premier tour, si la Cour constitutionnelle, chargée des recours, valide bien cette avance. II se présentait à Niafunké dans l'ouest du pays et croit en les chances de son mouvement l'URD, l'Union pour la République et la démocratie, qui a déjà obtenu, selon lui, six sièges à l'Assemblée. « C’est un prolongement de la confiance qui m’a déjà été accordée au moment des élections présidentielles, ça se confirme et j’en suis très heureux, confie Soumaïla Cissé. Quand on regarde, on a encore de candidats en ballotage, tant dans la région de Kayes que dans la région de Gao. Ça veut dire que nous couvrons l’ensemble du pays. Et le caractère du parti national se confirme, ce qui est vraiment notre souhait le plus ardent. On ne voudrait pas être un parti régional ou un parti dans un endroit bien précis. Nous voulons couvrir tout le pays et je crois que les résultats montrent que nous avons effectivement une ambition qui se confirme ».

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L'heure des recompositions politiques a sonné

Après l’organisation de l’élection présidentielle, le Mali gagne un autre pari, l’organisation du premier tour des législatives. Le pays se dote, du moins s’apprête à se doter, d’une autre institution démocratique, l’Assemblée nationale.

Mais le mode de scrutin, majoritaire à deux tours, oblige les partis politiques à opérer d’étonnants choix, dans un seul but : siéger au sein de l’hémicycle. Par exemple, on a vu dans des circonscriptions électorales, candidats du Rassemblement pour le Mali, RPM, et candidats de l’Union pour la République et la démocratie sur la même liste. Pourtant, le premier parti politique cité est au pouvoir et le second entend animer l’opposition parlementaire. Vont-ils pouvoir tenir parole ?

S’il y a trop de passerelles entre majorité et opposition ne risque-t-on pas d’avoir une Assemblée en forme de caisse de résonance du pouvoir ? Ces questions méritent d’être posées maintenant, entre les deux tours des législatives.

Des scores qui avoisinent les 100%

Par ailleurs, des députés élus dans la région de Kidal au nord-est, sont décidés à rentrer dans la République. Il y a quelque temps encore, on les appelait des rebelles touaregs.
Mais les deux candidats élus à Abeïbara et à Tin-Essako dans le nord-est du Mali, portent désormais les couleurs du parti au pouvoir et leurs résultats sont plus qu'impressionnants. En effet, à Tin-Essako, Mohamed Ag Intallah retrouve son poste de député avec 100% des suffrages alors qu'à Abeïbara, Ahmada Ag Bibi obtient 96,69% des voix. 

De quoi donner raison aux citoyens maliens qui dès dimanche soir désespéraient de la véritable mutation politique du pouvoir malien, regrettant les bourrages d'urnes, les achats de conscience et l'absence de neutralité de l'administration. Des comportements qui semblent avoir la vie dure dans la République malienne.

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