Plusieurs pays vont être au coeur des débats ou des discussions de couloirs à Rabat. L'Algérie d'abord. Ramtane Lamamra, le ministre des Affaires étrangères de LA grande puissance régionale a indiqué qu'il ne faisait pas le voyage. Les tensions se sont accrues ces dernières semaines entre Alger et le Maroc, autour du Sahara occidental.
Difficile de parler de la sécurité au Sahel et notamment au nord du Mali alors que l'Algérie qui partage avec le Mali 1 400 km de frontières boude la conférence. Selon un expert de la région, cette chaise vide est une aubaine pour le Maroc qui poursuit son rapprochement avec le Mali, et qui espèrerait ravir au Tchad le leadership de la CEN-SAD, la communauté des Etats sahelo-sahariens. Une organisation dont le prochain sommet se tiendra l'an prochain dans le royaume chérifien.
A ces rivalités, il faut ajouter les relations tumultueuses que le Mali entretient avec ses voisins, mauritanien, burkinabè ou nigérien et qui augurent mal de la concrétisation d'une stratégie commune.
Il sera beaucoup question aussi de la Libye qui condense à elle seule l'ensemble des problèmes abordés par la conférence. Un Etat central faible incapable de tenir ses frontières, incapable donc d'empêcher les groupes terroristes de trouver refuge sur son territoire. Terre de départ de trafics d'armes qui irriguent toute la région. Terre aussi de transit pour la drogue ou les migrants à destination de l'Europe.
Tensions entre le Maroc et l'Algérie
Avec notre correspondant à Rabat, Léonard Vincent
De la mer Rouge à l'océan Atlantique, s'étend ce qui est devenu ces dernières années une zone grise pour les trafiquants et les terroristes. Dix-huit mois après une première conférence à Tripoli, et peu de décisions concrètes, les pays du Sahel et du Maghreb doivent convenir aujourd'hui de mesures rapides pour tenter de reprendre le contrôle de cette région désertique, grande comme l'Europe continentale.
Mais la récente crise diplomatique entre le Maroc et l'Algérie, pays clé pour la sécurité de la région, risque de ne pas faciliter la tâche des délégations. Le chef de la dioplomatie algérienne a d'ores et déjà annoncé qu'il ne serait pas personnellement présent à Rabat. Il a toutefois assuré que l'Algérie ne pratiquait pas, la « politique de la chaise vide », laissant entendre qu'elle serait représentée par son ambassadeur.
Reprendre le contrôle des frontières du Sahel avec une Algérie en retrait semble pourtant illusoire. Le Sud algérien est en effet une zone de repli pour les groupes jihadistes du Mali et de Libye, mais aussi une route de transit pour de nombreux trafics, d'armes, de drogue ou de migrants, en provenance d'Afrique sub-saharienne.