Avec notre envoyée spéciale à Kampala,
Tout le monde s’était donné rendez-vous. Le M23, le gouvernement congolais mais aussi cinq envoyés spéciaux de la communauté internationale étaient présents dans la résidence officielle du président ougandais Yoweri Museveni, une grande villa blanche sur les hauteurs de Entebbe, pour ce qui devrait être une simple cérémonie de signature.
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Au final, après deux heures et demie de silence et d’allées et venues dans les couloirs, le ministre des Affaires étrangères congolais n’est jamais entré dans la même salle que l’ex-rébellion. Il y a envoyé son ambassadeur.
Le poids des mots et les pas de tango de Raymond Tshibanda
Tout s’est en fait cristallisé sur cet intitulé du document à signer et non pas son contenu. « Accord », « conclusion », « déclaration », aucun de ces termes n’a mis les deux parties d’accord. Le poids des mots importe beaucoup pour le Congo : l’intitulé doit refléter la réalité de la situation sur le terrain, à savoir que le gouvernement a vaincu militairement le M23. Un argument que l’ex-rébellion n’a pas voulu entendre hier.
L’accord en est-il pour autant enterré ? La question reste en suspens. Aucun rendez-vous n’a été pris hier pour une nouvelle rencontre. Les différentes délégations sont reparties visiblement irritées tout en se disant engagées à faire aboutir cet accord politique qui piétine depuis dix mois. « Le tango, ça se danse à deux », a commenté ironiquement le ministre des Affaires étrangères congolais Raymond Tshibanda à la sortie des pourparlers. Reste à savoir si les deux parties sont vraiment prêtes à entamer cette danse dans l’immédiat.
La communauté internationale a rappelé l’importance d’un accord politique pour éviter de nouvelles tensions dans l’Est, sur le long terme. Le médiateur ougandais a eu beau dire qu’il faudrait juste prendre le temps d’harmoniser les positions et de se mettre d’accord sur les mots, la cérémonie d’hier avait clairement le goût amer d’un rendez-vous manqué.
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