Le camp de PTP a plutôt des airs de village, avec ses maisons en terre et son marché. Les réfugiés ont aussi des potagers pour mettre de la sauce dans leur riz blanc, comme Célestin Konhon Kahe. A Blolequin, ce planteur avait une terre, vendue à son insu par l'un de ses voisins à des Mossis, des Burkinabés.
« C'est l'installation injuste d'un Mossi sur nos terres qui fait que je ne peux pas rentrer maintenant, explique-t-il. Ceux qui, au préalable, vivaient avec nous, ils peuvent rester (...). Mais ceux qui sont venus après la guerre, qui ont profité des armes pour s'installer, on ne veut pas habiter avec eux ».
Ce phénomène qui touche un grand nombre de réfugiés à leur retour d'exil a été récemment dénoncé par Human Rights Watch (HRW). L'ONG américaine craint des violences si le gouvernement ne s'implique pas pour régler ces conflits fonciers.
Racket à la frontière
Ce qui décourage aussi ces réfugiés, c'est le racket des soldats ivoiriens. Henriette Oulaï sait que les barrages sont nombreux de l'autre côté de la frontière : « Aujourd'hui, si tu veux aller en Côte d'Ivoire, il faut avoir de l'argent, raconte-t-elle. Quand tu arrives de l'autre côté, il y a des gens en treillis qui encaissent l'argent. Dieu merci, s'ils sont compréhensifs, nous les personnes âgées, on nous accepte facilement par rapport aux jeunes ».
S'ils sont inquiets, tous assurent avoir envie de rentrer chez eux, après plus de deux ans et demi d'exil.
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