Depuis cinq jours , Mamadou Billo Sy Savané est sous les verrous à Conakry. Lundi dernier sur la radio Lynx FM, ce Franco-Guinéen de 66 ans, militant de longue date, s'en est pris avec verve au président guinéeen. Alpha Condé n'a pas du tout apprécié d'être accusé en direct de corruption. Pour la première fois depuis son entrée en fonction, il a engagé des poursuites en diffamation. « Seule réponse possible dans ce climat délétère où tout est amplifié et transformé », explique une source officielle.
→ À (RE)LIRE : Guinée: le gouvernement prend «très au sérieux» les révélations du «Canard enchaîné»
Depuis un article duCanard enchaîné sur un possible coup d'État fin septembre, chaque semaine, ce « climat » est alimenté par une nouvelle affaire. Comme en témoigne le cas Abdoulaye Sy Savané par exemple. Cet homonyme du premier, lui aussi franco-guinéen, a été interpellé après l'article, puis relâché et arrêté de nouveau sans que l'on sache vraiment pourquoi.
« Un retour aux méthode de l'époque Sékou Touré »
Et puis il y a ces 33 jeunes arrêtés après des violences politiques fin septembre, emmenés dans une garnison à Kankan, brutalisés puis relâchés deux semaines plus tard. Pour l'opposant Sydia Touré, « c'est un retour aux méthodes de l'époque Sékou Touré ». « C'est le chef de l'État qui – une fois informé de leurs cas –, a ordonné leur libération », rétorque le porte-parole du gouvernement Albert Damantang Camarra.
→ À (RE)LIRE : Violences pré-électorales en Guinée: des jeunes arrêtés dans des circonstances étranges
Consciente des risques pour l'instant, l'opposition n'appelle pas à manifester, mais n'écarte pas cette possibilité. Les violences électorales ont fait une cinquantaine de morts depuis le début de l'année.