Tous les éléments sont là. D'après l'autopsie des corps, les six hommes ont été tués par des balles de kalachnikov. Ces hommes avaient disparu le jour de l'attaque du camp et emmené par des militaires selon des témoins.
Des familles présentes le jour de l'exhumation des cadavres affirment avoir reconnu les vêtements de leurs proches. Ils seraient une quarantaine à ne jamais avoir été revus après l'attaque.
Un juge a bien entendu plusieurs de ces personnes, ce qui lui a permis d'identifier d'autres fosses communes en mars dernier, mais aucune n'a été ouverte. Pareil pour les suspects : si plusieurs ont été nommément désignés, ils n'ont jamais été interrogés.
On pense par exemple à un lieutenant FRCI, en charge de la sécurité de Duékoué au moment de l'attaque. La justice explique ne pas savoir où le trouver. Récemment encore, il était pourtant membre du CCDO, une force spéciale à Abidjan.
Lenteur des enquêtes
La justice ivoirienne refuserait-elle de se pencher sur les exactions de son armée ? Difficile de ne pas le penser. Avant de partir au Mali, Bert Koenders, alors représentant spécial du secrétaire général de l'ONU à Abidjan, s'était plaint dans une lettre auprès du ministre de la Justice de la lenteur des enquêtes.
Depuis rien n'a bougé. Des casques bleus de l'Onuci continuent à surveiller des fosses communes présumées. Ils les gardent jour et nuit, depuis un an.