Avec notre envoyé spécial à Nosy Be
La population locale s'inquiétait depuis quelques jours de la disparition de plusieurs enfants - neuf selon la rumeur - et des affiches avaient été placardées avant le drame. Tout a commencé mercredi 2 octobre, lorsque les gendarmes ont ouvert le feu sur une foule en colère venue s'attaquer à un bâtiment de la gendarmerie, persuadée qu'un homme suspecté d'avoir enlevé un enfant y était gardé et protégé. Ils exigeaient que cet homme leur soit livré. Ce soir, à Nosy Be, l'homme suspecté d'avoir trempé dans un trafic d'enfants a été, à son tour, lynché à mort puis brûlé par la foule.
Environ 300 personnes étaient rassemblées à un carrefour du quartier Dar-Es-Salam, légèrement à l’extérieur d’Hell-Ville, la capitale de Nosy Be. Dar-Es-Salam se trouve à environ dix minutes à pied de la plage où ont été lynchés les deux européens, ce jeudi matin.
Vers 18 heures, heure locale, il faisait déjà nuit. Dans le noir, les gens ont fait un grand feu et, au milieu, une voiture 4L bleue est arrivée devant ce feu. La foule s’est alors rassemblée devant la voiture et les gens en ont extirpé une personne qu'ils ont ensuite jeté dans le feu.
L’homme en question était celui qui avait provoqué les affrontements de mercredi, devant la gendarmerie. Il était aussi l’oncle de l’enfant qui a été retrouvé mort, le ventre ouvert, sans une partie de ses organes. Et c’est également lui qui a dénoncé les deux européens, lynchés ce jeudi matin, comme étant ses complices dans ce trafic d’organes.
Si Nosy Be a retrouvé un calme relatif, ce soir les gens étaient toujours dans la rue et il y avait des barrages à certains carrefours avec des pneus enflammés.
RFI a pu joindre un témoin auditif du lynchage - ce jeudi matin - des deux européens. Cette ressortissante belge, installée à Nosy Be, était tout près...