L'accusation soutient qu'entre dix-sept et trente-six personnes ont été brûlées vives entre les murs de l’église, en cette journée du 1 janvier 2008.
Le témoin 536 n'avait pas pu installer son matelas dans l'église car, précise la femme, il n'y avait plus de place. Près de deux mille membres de sa communauté kikuyu - des femmes et des enfants - y avaient trouvé refuge, raconte-t-elle, pour fuir les violences et la menace.
Mais elle a tout vu grâce à une fente dans un volet de l'église : des hommes, au visage recouvert d'argile blanche, ou au front recouvert d'un foulard comme celui de Steven Chamalan, le candidat local de l'ODM, le parti du vice-président William Ruto. Le témoin se souvient : le politicien avait un jerrican d'essence à la main. Ses acolytes kalenjin - l'ethnie de Ruto - étaient armés de machettes, de haches et de bâtons. Ils s'en sont pris aux villageois kikuyu avant d'asperger d'essence le plafond de l'église et les matelas qu'ils avaient dressés contre les murs. Les réfugiés étaient pris au piège. Un groupe de jeunes Kalenjin faisaient barrage devant la petite porte et avaient entassé des vélos pour bloquer l'autre issue.
Plus tard dans la journée, le témoin 536 a vu une amie proche se faire projeter à terre, puis violer. Elle a vu un vieux sage recevoir un coup de hache sur la nuque et son frère, une lance qui lui a fendu le cou.
Présent à l'audience, William Ruto a écouté attentivement la déposition, consignant parfois des notes ou des remarques dans son cahier.
La défense de William Ruto a demandé à ce que la déposition ne soit pas consignée aux registres du greffe car elle concerne, a plaidé l'un des avocats, une période non couverte par le procès. Son objection a été rejetée.
Les violences inter-ethniques au Kenya avaient fait un millier de morts et 600 000 déplacés. Le vice-président kényan William Ruto comparaît avec le journaliste Joshua Arap Sang. Tous deux ont plaidé non coupables.
Le procès du président kényan, Uhuru Kenyatta - également accusé de crimes contre l'humanité dans les mêmes violences - débutera, quant à lui, à La Haye, le 12 novembre.