Les Zimbabwéens se sont massés devant les bureaux de vote, dès les petites heures du matin. Ce scrutin s'annonce serré. Il s'est déroulé dans un climat tendu, chacun des deux camps se disant sûr de l'emporter.
Les alliés du Premier ministre Morgan Tsvangirai, premier candidat à avoir déposé son bulletin dans la matinée, ont d'ailleurs déjà dénoncé de nombreuses irrégularités. Ils affirment notamment que plusieurs milliers de personnes n'ont pas pu voter. Toutefois, le camp du Premier ministre dit croire fermement en la victoire.
« Il n'y a aucune pression exercée sur qui que ce soit »
« Je suis certain que les gens iront voter librement et honnêtement, il n'y a aucune pression exercée sur qui que ce soit », a déclaré de son côté Robert Mugabe alors qu'il effectuait son devoir de citoyen vers midi, dans le quartier de Highfield. La veille, pour la première fois, le président sortant avait affirmé être prêt à se retirer en cas de défaite.
Si les observateurs occidentaux n'ont pas été autorisés à être présents, les observateurs de l'Union africaine ont estimé à la mi-journée que le scrutin se déroulait dans l'ordre et le calme. Les résultats de la présidentielle ne sont pas attendus avant lundi. Un éventuel deuxième tour devrait être organisé le 11 septembre, si aucun des candidats n'obtenait plus de 50%.
En Afrique du Sud, les Zimbabwéens expatriés privés de scrutin
Les Zimbabwéens expatriés en Afrique du Sud n’ont pas eu la possibilité de se rendre aux urnes, faute de bureau de vote. Ils seraient entre 1,5 et 3 millions à y vivre, très mal considérés par les Sud-Africains qui voient en eux des concurrents déloyaux alors que le chômage a encore augmenté dans le pays.
Knowledge, qui vit en Afrique du Sud depuis dix ans, a expliqué ses craintes au micro de RFI. Ce mécanicien a quitté son pays il y a dix ans, parce qu’il n’arrivait plus à payer ses études. Face à l’hyperinflation et aux violences politiques, il a préféré trouver refuge en Afrique du Sud où il a trouvé un travail, même si ce n’est pas celui dont il rêvait. Le processus électoral au Zimbabwe, il le suit au quotidien dans les médias et redoute une victoire de Robert Mugabe.
« Il va vouloir se maintenir au pouvoir par la force. Pourquoi déployer l’armée un jour de vote, tu ne peux pas faire ça », estime-t-il. « L’armée, c’est censé servir à protéger le pays. Pourquoi refuser la présence d’observateurs de l’Union européenne ? ça veut dire qu’il a quelque chose à cacher. Je crois que quelque chose de grave va se passer », craint-il encore.
Espoirs de retour, craintes de violences
Estimant qu’il ne peut pas rentrer au Zimbabwe à l’heure actuelle, Knowledge « espère que Tsvangirai va gagner » parce que « (sa) famille (lui) manque ». « Ici, en Afrique du Sud, les gens nous traitent de tous les noms, nous, les Zimbabwéens. Ce n’est pas juste. Nous sommes allés à l’école. Et regardez ce que je me retrouve à faire, ce n’est pas un travail pour moi. »
Pour Knowledge, hors de question de rentrer au Zimbabwe, même si Morgan Tsvangirai est déclaré vainqueur dans les prochains jours. Il veut d’abord s’assurer qu’il n’y aura pas de nouvelles violences politiques dans son pays.