« Le procès verbal, c'est la fin, la clôture du travail du président de bureau de vote. Si c'est mal fait, vous allez pratiquement mettre tout le travail en doute. Faites tout pour pouvoir bien remplir vos procès verbaux. Si quelqu'un n'a pas compris, venez nous voir, on va vous expliquer. »
Sagement assis, une trentaine de jeunes - certains encore adolescents -, ecoutent Idrissa Coulibaly, l’adjoint au préfet du cercle d’Abeibara en grande tenue pour la circonstance. Sur les bancs de l’école primaire, certains suivent, d’autres sont à la peine.
« J'espère que ça va aller »
« C'est facile, dit Ould Housseini, c'est juste qu'il faut qu'on nous explique un peu, qu'on nous fasse comprendre, c'est tout. » Maahmoud rétorque : « C'est un peu compliqué quand même, on n'arrive pas à bien comprendre l'information pour pouvoir réviser. J'espère que ça va aller. »
Cela fait sans doute longtemps que cette salle de classe n’avait pas réuni autant de monde. Sur le tableau noir, qui a conservé la trace d’un exercice d’ortographe, figure une date, le 22 février 2O12.
Sur l’un des pans de mur un insolite « Sauvons la couche d’ozone » est peint en gros caractères. A Kidal les préocupations écologiques sont remises à plus tard. Ould Housseini et Maahmoud, qui vont jouer les présidents de bureaux de vote, expliquent leur motivation : « C'est important, vraiment, pour nous, parce que nous sommes dans une crise, témoigne le premier. C'est avec les élections qu'il y aura des solutions pour la crise. » Le second confirme : « C'est très important pour élire un président légitime. »
Ici on ne se fait guère d’illusion. Les conditions de vote risquent d’être très aléatoires mais l’enjeu à Kidal est ailleurs. Aux yeux de nombreux Maliens et de la communauté internationale, quelques bureaux de vote et une poignée d’électeurs suffiront à démontrer que cette partie nord du territoire appartient bien au Mali.