Avec notre correspondante à Dakar, Carine Frenk
Vêtu d'un grand boubou blanc, Hissène Habré est sorti, a levé la main, avant de s'engouffrer dans le pick-up sombre du pénitencier de Reubeuss. Ses premières nuits en prison, il va les passer au pavillon spécial de l'hôpital Le Dantec, assure une source du tribunal, en attendant la fin des travaux de la maison d'arrêt du Cap Manuel.
Hissène Habré a été entendu toute la journée, ce mardi 2 juillet. La commission d’instruction des chambres africaines extraordinaires a finalement suivi le réquisitoire introductif du procureur général. Ce dernier demandait l’inculpation et la détention provisoire de l’ancien président tchadien pour éviter tout risque de troubles à l’ordre public et pour la sérénité de la procédure.
Les avocats de Hissène Habré ont pour leur part dénoncé le fait de n’avoir ni eu accès au dossier ni droit à la parole. « Monsieur Habré n’a répondu à aucune question des juges, qu’il ne reconnaît pas. Il n’est pas prêt à cautionner cette forfaiture », a notamment déclaré Me El Hadji Diouf affirmant que « l’otage Habré continue d’être un otage ».
« C’est un moment extrêmement important », se réjouit en revanche Me Assane Dioma Ndiaye, coordinateur du collectif des avocats sénégalais des victimes. « Hissène Habré vit au Sénégal depuis vint-deux ans, il est enfin en prison et va répondre de ses actes. C’est une victoire pour les victimes de tous les tyrans en Afrique ».