Afrique du Sud: les grand-mères d’Alexandra rendent hommage à Mandela

Nelson Mandela a vécu dans une petite maison du township d’Alexandra, en 1940, quand il a quitté sa province natale de l’Eastern Cape pour gagner Johannesburg, à l’âge de 22 ans. C’est là qu’il a rencontré Walter Sizulu, l’un des combattants anti apartheid les plus en vue. Dans ce township de la banlieue nord de Johannesburg, à deux pas du quartier d’affaires cossu de Sandton, les résidents du township sont fiers de ce chapitre de la vie de Mandela. Mais ils sont partagés sur les soins administrés à leur icône.

Avec notre envoyé spécial à Johannesburg,

Trente « gogos » - un terme affectueux qui désigne les grand mères en Afrique du Sud - chantent pour Mandela en attendant le repas gratuit qui leur est servi dans la cour d’un petit centre d’Alexandra tous les jeudis. « Nelson Mandela, il n’y a personne d’autres comme toi », disent les paroles, chantées en Xhosa.

Myriam Mtewta pense, malgré tout, qu’il est temps de laisser partir Mandela. « Il est vieux, qu’ils laissent son âme reposer en paix. Il a tant fait pour nous, il a le droit de se reposer », juge Myriam, une domestique à la retraite qui a la garde de ses petits enfants, après que son beau fils se soit suicidé quand il a perdu son emploi. Selon elle, les médecins ne devraient pas utiliser des machines pour le maintenir en vie.

Alexandra «une sorte de paradis» en enfer

« Ce n’est pas gentil de dire ça », corrige sa voisine, Elisabeth, quatre vingt trois ans, elle aussi une domestique retraitée. Elisabeth souhaite que Mandela reste avec les sud-africains encore un peu, au moins jusqu’à son prochain anniversaire, qu’elle puisse le voir souffler ses bougies une dernière fois.

Un avis que partage Machadi, qui « souffre » et est fâchée avec la famille politique de Mandela. L’ANC ne lui a pas donné de maison, et avec les cent euros que lui versent le gouvernement chaque mois, elle ne parvient pas à joindre les deux bouts, dans le township d’Alexandra où pauvreté rime avec violence domestique, cambriolages et viols. C’était déjà le cas du temps de Mandela, qui a écrit « la vie à Alexandra peut être un enfer à certains égards, mais le township est malgré tout une sorte de paradis ».

Partager :