Avec notre envoyé spécial à Johannesburg,
Trente « gogos » - un terme affectueux qui désigne les grand mères en Afrique du Sud - chantent pour Mandela en attendant le repas gratuit qui leur est servi dans la cour d’un petit centre d’Alexandra tous les jeudis. « Nelson Mandela, il n’y a personne d’autres comme toi », disent les paroles, chantées en Xhosa.
Myriam Mtewta pense, malgré tout, qu’il est temps de laisser partir Mandela. « Il est vieux, qu’ils laissent son âme reposer en paix. Il a tant fait pour nous, il a le droit de se reposer », juge Myriam, une domestique à la retraite qui a la garde de ses petits enfants, après que son beau fils se soit suicidé quand il a perdu son emploi. Selon elle, les médecins ne devraient pas utiliser des machines pour le maintenir en vie.
Alexandra «une sorte de paradis» en enfer
« Ce n’est pas gentil de dire ça », corrige sa voisine, Elisabeth, quatre vingt trois ans, elle aussi une domestique retraitée. Elisabeth souhaite que Mandela reste avec les sud-africains encore un peu, au moins jusqu’à son prochain anniversaire, qu’elle puisse le voir souffler ses bougies une dernière fois.
Un avis que partage Machadi, qui « souffre » et est fâchée avec la famille politique de Mandela. L’ANC ne lui a pas donné de maison, et avec les cent euros que lui versent le gouvernement chaque mois, elle ne parvient pas à joindre les deux bouts, dans le township d’Alexandra où pauvreté rime avec violence domestique, cambriolages et viols. C’était déjà le cas du temps de Mandela, qui a écrit « la vie à Alexandra peut être un enfer à certains égards, mais le township est malgré tout une sorte de paradis ».