Fin mai, le procureur général des Chambres africaines extraordinaires - tribunal spécial mis en place en décembre 2012 pour juger Hissène Habré - s'était déjà rendu en Belgique pour rencontrer les magistrats du parquet fédéral en charge du dossier Habré. Il effectue maintenant une visite de terrain au Tchad afin, explique son entourage, de rencontrer les magistrats tchadiens, les associations de victimes, mais aussi de voir les anciens charniers ou les lieux de détention qui ont marqué les années 1982 à 1990.
« C'est la somme de tout cela qui permettra au procureur général de fonder son réquisitoire introductif, ce qui marquera le début de l'instruction », explique l'un des collaborateurs du magistrat.
« Jusqu'ici, tout ce que le procureur avait entre les mains avait un caractère virtuel », estime de son côté Mahamat Hassan Abakar, le président de la commission d'enquête qui avait été établie au Tchad. « Là, il va pouvoir prendre contact avec la dure réalité de ce qui a été commis sous Habré », poursuit l'avocat.
Pour Jacqueline Moudeïna, présidente d'une association de victimes tchadiennes, cette visite permettra également au procureur « de se présenter aux Tchadiens et de leur expliquer comment vont fonctionner les Chambres africaines extraordinaires ».
« Il est grand temps que le réquisitoire introductif soit produit », commente l'avocate, avant de conclure : « Depuis la création des Chambres, en février, nous n'attendons que cela. ».
Hissène Habré vit en exil à Dakar, au Sénégal, depuis sa chute, après huit ans au pouvoir au Tchad (1982-1990). Il est accusé de crimes contre l’humanité, crimes de guerre et de torture. Dakar et Ndjamena ont signé le 3 mai un accord qui permet aux juges du tribunal spécial, créé pour juger Hissène Habré, de mener des enquêtes au Tchad.