Pour la première fois depuis des années, un quartier de la capitale du Burundi a été la scène d’émeutes aux relents ethniques à l’occasion de la restitution d'une maison à une famille hutue spoliée il y a 40 ans. Cela s'est passé le mardi 28 mai. En charge de la résolution de ces conflits : la Commission nationale des terres et autres biens (CNTB). Son rôle : régler les conflits à l’amiable. Mais la réalité est plus compliquée.
La plupart des litiges concernent des familles qui ont fui le pays en 1972, il y a plus de 40 ans. Sur 30 000 dossiers enregistrés, la CNTB revendique 22 000 cas réglés, dont plus de 60 % à l’amiable. Mais elle est controversée : une partie de l’opinion publique l’accuse de raviver les tensions ethniques en privilégiant les rapatriés hutus dans ses décisions, sans tenir compte de l’éventuelle bonne foi des nouveaux occupants. Car qu'ils soient tutsi ou hutus, ils ont parfois acquis leur bien en toute légalité et ne reçoivent aucune compensation.
Le gouvernement semble avoir pris la mesure du malaise et envisagerait une réforme du système. D’autant que jusqu’à présent, la commission s'est concentrée sur les conflits concernant les parcelles de terre, jugés les plus urgents. Mais près de 200 000 autres plaintes sont encore en attente. Elles concernent des maisons, des voitures ou comptes en banque. Un vaste chantier de nature, craignent certains, à saper un processus de réconciliation déjà bien mal en point.
→ Ecouter le Reportage Afrique sur les conflits fonciers au Burundi, diffusé lundi 27 mai sur RFI