Attentats au Niger: la Libye pointée du doigt, pas de faille dans la sécurité selon le président Issoufou

Le président Mahamadaou Issoufou s’est exprimé pour la première fois, samedi 25 mai, depuis le double attentat qui a coûté la vie à 35 personnes dont dix des assaillants et fait une trentaine de blessés, selon le bilan fourni par le gouvernement nigérien. Deux sites étaient visés : la garnison d’Agadez et la site de la Somaïr à Arlit. Il a évoqué des groupes venant du Sud libyen et la difficulté de contrôler les frontières dans le Sahel. Un peu plus tôt, il avait rencontré le PDG d’Areva, Luc Oursel.

Depuis jeudi, l’information circule à Niamey. Les deux groupes de kamikazes qui ont frappé le nord du Niger proviendraient du Sud libyen sans pour autant qu’ils soient de nationalité libyenne. Un Sud libyen identifié comme le nouveau sanctuaire des jihadistes.

Les kamikazes avaient planifié le double attentat avec, selon les premiers éléments de l’enquête, des complicités locales. D’abord à Agadez où c'est aux environs de 5 heures du matin, juste après la prière - un moment propice puisque le jour n’est pas encore levé -, qu'un premier groupe de kamikazes frappe la garnison locale et s’introduit dans l’école des sous-officiers, arrivant même à prendre en otages certains élèves. Il a fallu l’intervention des forces spéciales nigériennes et françaises pour en venir à bout. Les enquêteurs nigériens ont retrouvé la plaque d’immatriculation du véhicule des assaillants sur les lieux : une immatriculation nigérienne.

Pas d'hésitation chez les kamikazes

Quelques minutes plus tard à Arlit, à 5h20, un véhicule s’engouffre sur le site de la Somaïr profitant de la sortie des équipes de nuit. Pas d’hésitation chez les kamikazes, ils savent exactement où frapper pour faire mal, entre la salle de contrôle, la centrale électrique et l’atelier de broyage. Il leur a fallu quelques minutes seulement pour s’introduire sur le site et se faire exploser, malgré le dispositif de sécurité mis en place par Areva et l’Etat nigérien depuis l’enlèvement à Arlit de sept employés de la société française et de l’une de ses filiales en septembre 2010.

A l'époque, un accord avait été signé entre le gouvernement nigérien et la compagnie française visant à renforcer la sécurité dans la zone minière. Sur le site de la Somaïr, par exemple, la porte d’entrée avait été remodelée, une centaine de militaires du 23e bataillon interarmées mis à disposition. Ils étaient là ce jeudi matin quand le véhicule des deux kamikazes s’est faufilé par le portail avant de se faire exploser au milieu des installations clés du site.

Dans sa première déclaration publique depuis les événements, samedi, le président nigérien a expliqué que selon lui, il n'y avait pas eu de faille dans le système de sécurité.

Depuis jeudi, les forces de l’ordre locales, assistées par la cellule antiterroriste nigérienne, auraient déjà procédé à plusieurs arrestations.

Continuer à renforcer la sécurité

Le président Mahamadou Issoufou a également rencontré le patron d’Areva, samedi. Un bref entretien à l’issue duquel l’un comme l’autre se sont refusés à parler des mesures prises pour renforcer la sécurité.

Luc Oursel revenait d’Arlit où il avait passé la nuit pour se recueillir et rassurer ses équipes sur place. Pour le PDG d’Areva, il est trop tôt pour établir les responsabilités ou même parler des mesures à prendre : « Le moment n'est pas à la polémique, le moment est au recueillement, le moment est à la pensée pour toutes les victimes. Nous allons évidemment, avec les autorités nigériennes, tiré tous les enseignements de ce qui s'est passé pour continuer à renforcer la sécurité. La sécurité, ce n'est jamais un concept statique face à des menaces qui évoluent ».

Selon plusieurs sources, le patron français a été édifié par sa visite. Luc Oursel aurait pris la mesure des failles sécuritaires dans le dispositif mis en place pour protéger la Somaïr et les autres sites miniers d’Arlit. Mais il serait aussi reparti avec l’assurance de la volonté de l’Etat nigérien de tout faire pour renforcer la sécurité.

Samedi, le patron d'Areva n'a pas été le seul hôte du président nigérien. Mahamadou Issoufou a également reçu Tiébilé Dramé, le conseiller spécial du président malien Dioncounda Traoré pour le nord du Mali, et des représentants du Haut conseil de l'Azawad. A la sortie de l'audience, les protagonistes sont restés muets.

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