Si le règlement interne de la Commission pour le dialogue et la réconciliation interdit aux 30 commissaires de parler à la presse, certains, exaspérés par la situation, se lâchent. « C'est une honte, s'inquiète l'un d'eux, il ne se passe rien, absolument rien. » Et la visite prestigieuse, hier, du président par intérim dans les locaux n'a visiblement rien changé. « Dioncounda Traoré nous a encouragés, mais malheureusement rien n'a été dit sur les questions de fonds », raconte un témoin.
Joint par RFI, M. Sokona, le président de la CDR, balaie les critiques. « Nous travaillons, ça se met en place, (…) et nos équipes iront sur le terrain rapidement pour prendre des contacts », explique-t-il sans donner aucune précision. « Nous sommes les dindons de la farce, cette direction n'est pas légitime », réplique l'un des commissaires qui ajoute : « Nous n'avons aucun moyen de déplacement, pas de financement et même pas de bureaux, je me demande comment la direction compte aller dans le Nord. »
Plus nuancé, un autre commissaire estime qu'il faut aller « doucement mais sûrement » : « Nous avons un mandat pour les deux prochaines années, il n'y a pas d'urgence. Nous travaillons sur notre plan d'action ». Mais lorsqu'on lui demande quand est-ce qu'il sera publié, ce commissaire répond : « Aucune idée ! » Deux mois d'existence, six réunions, mais aucun élément concret alors qu'il y a urgence à négocier dans le Nord. Un bilan plus que mitigé pour cette commission pourtant saluée lors de sa création.