Près de 2 000 soldats ont été envoyés dans l’Etat de Borno dans le but de reconquérir des zones tenues par les insurgés de la secte Boko Haram.
« L’assaut est en cours et nous sommes satisfaits de la première phase de l'opération » a déclaré, sans plus de précisions, le porte parole de l'armée nigériane. Joint par RFI, le brigadier général, Chris Olukolade, n'a pas confirmé la mobilisation d'hélicoptères de combats ni d'avions de chasse, comme cela a été rapporté dans la presse nigériane mais un éventuel recours aux bombardements aériens n’est pas à exclure.
« Nous avons adopté une nouvelle approche cette fois-ci, et nous sommes certains qu'elle va aboutir. Le volume des troupes déployées est plus important et le volume de matériel déployé l'est aussi », a dit le brigadier général, avant d’ajouter : « Toutes nos agences sécuritaires sont mobilisées autour d'une stratégie militaire efficace, donc nous pensons réussir car nous sommes mieux préparés cette fois-ci », a déclaré le brigadier général Chris Olukolade, porte-parole des armées, à RFI.
Des témoins dans les zones concernées, joints par RFI, font état d'un déploiement militaire sans précédent. Il s'agit d'unités mixtes issues de la police, de l'armée de terre, de l'air, et de mer. Selon des sources proches des services de sécurité, elles ont mené des raids dans la réserve naturelle de Sambisa, dans l'Etat de Borno, où Boko Haram dispose de bases.
Les zones visées sont proches des frontières avec le Cameroun et le Tchad, qui peuvent servir de refuge aux islamistes de Boko Haram, en raison des frontières poreuses. Les responsables militaires assurent que leurs soldats ont reçu des consignes strictes concernant les fouilles des maisons, les procédures d'arrestation et l'établissement de périmètres de sécurité, afin d'éviter les abus. La plupart des boutiques de Maiduguri - l'un des fiefs de Boko Haram - ont fermé leurs portes et les rues sont vides, ont indiqué des habitants inquiets, car les dérapages des militaires nigérians sont fréquents lors de ce type d’opérations.
Mise en garde de Washington
Cet assaut fait suite à l’annonce, par l’armée nigériane, mercredi 15 mai, d’un déploiement « massif » de troupes dans deux autres Etats voisins : Yobe et Adamawa, dans le nord-est du pays. La veille, le mardi 14 mai, c’est le président Goodluck Jonathan qui avait annoncé l’instauration de l’état d’urgence dans ces trois Etats frappés par les attaques de la secte islamiste.
Le président nigérian avait notamment déclaré, lors d’une allocution télévisée, que des mesures d’exception étaient nécessaires pour répondre à la violence croissante des attaques de Boko Haram, qu’il a présentées comme « une déclaration de guerre ».
Par ailleurs, et pour la première fois, Goodluck Jonathan avait reconnu que Boko Haram avait pris le contrôle de certaines parties de l’Etat de Borno. « Les rapports de nos agences sécuritaires indiquent que l’unité de la nation et l’intégrité territoriale de notre pays sont menacées », avait déclaré le président.
Boko Haram a revendiqué l'attaque de Bama - le 7 mai - qui s'est soldée par 55 morts ainsi que celle de Baga – le 16 avril - qui avait été suivie d'une féroce répression par l'armée nigériane. Suite à ce bains de sang, Washington, avait demandé à Abuja de ne pas se limiter à des réponses sécuritaires face à Boko Haram. Cette fois-ci, le département d’Etat américain a mis en garde le Nigeria estimant que toute action portant atteinte aux droits de l’homme durant cette opération militaire aurait un impact sur les relations entre les deux pays.