Houria Ziane était assise dans la salle. Lorsque l’un des accusés a nié avoir violé et tué des femmes, elle s’est levée : « Il a dit : ‘les victimes ne sont pas là. Ce n’est pas vrai, c’est un mensonge, on n’a rien fait. Les victimes, elles ne sont pas là’. Alors j’ai levé le doigt et j’ai dit , ‘non je suis là’ ! »
En Algérie, depuis la loi sur la concorde civile, les victimes de terrorisme ne peuvent plus se porter partie civile ni témoigner. Mais hier, à la surprise générale, le président du tribunal a demandé à Houria de venir à la barre.
Sa fille Amel, étudiante en droit, a été assassinée par le groupe auquel appartenaient les accusés. Elle n’avait que 22 ans.
« Quand ils l’ont égorgée, comme ça, sur la route nationale, ils ont montré aux gens qui étaient là (et ont dit) : ‘Ça vous arrivera un jour, si vous fréquentez toujours les grandes écoles, ça vous arrivera comme ça. Vous allez mourir comme celle-là !’ ».
Lors du délibéré, Houria s’est adressée à l’avocat de la défense. « L’avocat a défendu (son client) en disant : 'c’est le système ! Parce qu’il est né en 81 ! A l’âge de 17 ans déjà, il devient criminel !' Et alors ? Pourquoi tous les Algériens ne sont pas devenus des terroristes ? »
A l’issue du verdict, Houria a crié : « Vive l’Algérie, vive la justice ! »