Le 29 avril dernier, le Burundi, tout comme l'Afrique du Sud quelques jours plus tôt, adoptait une nouvelle loi sur la presse jugée liberticide par l'ensemble des professionnels des médias. Le texte restreint notamment la protection des sources et interdit aux journalistes de travailler sur de nombreuses questions intéressant la vie du pays.
Le même jour, des journalistes centrafricains organisaient une journée sans médias pour tirer la sonnette d'alarme sur la situation des médias dans le pays depuis la chute de Bozizé.
Plusieurs journalistes ont en effet été menacés et/ou agressés pour avoir évoqué les exactions commises par la coalition Seleka. Le matériel de nombreux médias centrafricains a par ailleurs été pillé.
Un message qui sera peut-être entendu, puisque le président par intérim Michel Djotodia devrait s'entretenir avec eux durant cette journée mondiale de la liberté de la presse.
Peines de prison
Il n'en demeure pas moins que ces informations illustrent, si besoin est, les difficultés que rencontrent les journalistes sur le continent. L'exercice du métier demeure toujours aussi dangereux dans certains pays du continent, selon Reporters sans frontières (RSF), où ils sont soumis à un harcèlement judiciaire constant.
Cela fait plusieurs années que RSF se bat pour que les Etats africains adoptent des législations qui protègent les journalistes contre les peines de prison. Ambroise Pierre, responsable Afrique de l'organisation, insiste pour que la dépénalisation des délits de presse devienne une généralité en Afrique, sans pour autant nier les devoirs des journalistes.
Parmi ses préoccupations figure bien sûr le sort du célèbre blogueur éthiopien Eskinder Nega, qui était jugé en appel la veille de cette journée emblématique, avec six autres personnes, pour des faits de terrorisme et de haute trahison.
En première instance, ils avaient été condamnés à des peines allant de 18 ans de prison pour le blogueur, à la peine de mort pour l'un de ses coaccusés. Des peines confirmées, en appel, qui ont soulevé les protestations de la défense. Elle crie au procès politique.