Guinée: dialogue toujours en panne entre opposition et gouvernement

Le facilitateur de l’ONU, Said Djinnit, peine à trouver un terrain d’entente entre l’opposition et le gouvernement en vue d’instaurer le dialogue entre les deux parties. Le représentant spécial de l’ONU pour l’Afrique de l’Ouest s’est réuni avec les principaux responsables de l’opposition mais la publication du décret présidentiel, fixant au 30 juin le scrutin législatif, pose toujours problème.

La rencontre entre Said Djininit et les principaux responsables de l’opposition dont les anciens Premiers ministres Cellou Dalein Diallo, Sidya Touré et Lansana Kouyaté, s’est tenue au siège du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), à Conakry. C’est une rencontre qui n’a pas suffi à convaincre l’opposition d’accepter le dialogue avec le gouvernement.

Joint par RFI, Sydia Touré, leader de l’Union des forces républicaines (UFR), rappelle que l’opposition ainsi que le gouvernement avaient pris des engagements pour pouvoir aller au dialogue mais le décret est venu tout mettre en cause. « Nous estimons que c’est ce décret qui a remis en cause les acquis du dialogue », a-t-il déclaré avant de poursuivre : « Il est normal que nous demandions qu’on recule sur ce point pour permettre l’ouverture du dialogue et revenir sur certains points qui ont été remis en cause comme la libération des jeunes gens ainsi que l’arrêt des activités de la Céni, la Commission électorale nationale indépendante ».

De son côté, le gouvernement estime que la demande d'annulation du décret présidentiel est difficilement acceptable et espère que le facilitateur de l’ONU, Said Djinnit, arrivera à convaincre la partie adverse de renouer le dialogue.

« Said Djinit a eu quand même l’occasion de nous livrer deux messages : d’abord le fait que, pour lui, il n’y pas d’alternative au dialogue et ensuite qu’au-delà des intérêts partisans, on devrait considérer d’abord la Guinée », a déclaré Albert Damatang Camara, porte-parole du gouvernement, joint par RFI. « Sur cette base-là, a-t-il poursuivi, nous pensons que nous pouvons commencer à discuter avec nos frères de l’opposition. Ils ont considéré qu’il fallait d’abord l’annulation du décret, ce qui, en l’état, nous semble un peu difficile, mais nous ne perdons pas espoir de rétablir le fil du dialogue et enfin trouver des solutions ensemble ».

« Nous n’avons pas fermé la porte »

Il y a un peu plus de deux semaines, le chef de l’Etat, Alpha Condé, signait un décret convoquant les électeurs aux urnes. Décret qui a relancé la colère de l’opposition. Le dialogue politique, qui devait alors s’ouvrir, est resté depuis au point mort. Le facilitateur de l’ONU compte sur d’autres rencontres. Avant de quitter la capitale guinéenne, Said Djinnit « a pris quand même la peine de consulter les différents états-majors et donc de prodiguer des sages conseils qui vont nous amener à enfin discuter et aller au fond des choses », a par ailleurs indiqué Albert Damatang Camara, porte-parole du gouvernement guinéen.

De son côté, l’opposition a demandé au facilitateur onusien de retourner vers le gouvernement pour lui demander d’annuler le décret et ainsi de remettre en place les conditions nécessaires pour la reprise du dialogue. « Je pense que Djinnit peut jouer un rôle dans cela. Nous l’encourageons, nous continuons de discuter avec lui et nous n’avons pas fermé la porte », a insisté le président de l’UFR, Sydia Touré.

Les pays membres du Conseil de sécurité de l’ONU se sont, quant à eux, déclarés « inquiets de l’instabilité » en Guinée et ont appelé le pouvoir ainsi que l’opposition au calme. Lors de la manifestation du 25 avril en faveur de la tenue d’élections libres, une personne est morte et dix autres ont été blessées.

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