Antonio Indjai peut-il continuer à diriger l'armée bissau-guinéenne tout en étant inculpé par la justice américaine ? Voilà la question que posent aujourd'hui les officiers bissau-guinéens. Selon les informations recueillies par RFI, des membres influents de l'état-major lui ont demandé de quitter ses fonctions, ce à quoi le lieutenant-général aurait répondu qu'il y réfléchissait. Depuis l'arrestation du contre-amiral Bubo Na Tchuto par l'agence anti-drogue américaine et l'inculpation d'Injai, l'armée bissau-guinéenne est sous le choc.
Rusty Payne, porte-parole de la DEA, revient sur les conditions de l'arrestation d'Antonio Indjai : « Nous avons eu des informations indiquant qu'il était impliqué dans le trafic de drogue et la vente d'armes dont des missiles sol-air et qu'il négociait avec ceux qu'il a pris pour des membres des FARC venus de Colombie. Nous n'avons pas demandé l'aide de la Guinée-Bissau car nous considérons ce pays comme un narco-État et les États-Unis ne collaborent pas avec ces États. »
« Les autorités sont impliquées »
De son côté, Bubo Na Tchuto est accusé d'être impliqué dans le narcoterrorisme, d'avoir comploté en vue d'importer des stupéfiants aux États-Unis et d'apporter un soutien aux Forces armées révolutionnaires de Colombie considérées comme une organisation terroriste. Il risque une lourde condamnation. Sur les conditions de son arrestation, Rusty Payne a confirmé que celle-ci avait eu lieu dans les eaux internationales, au large des côtes de la Guinée-Bissau : « La Guinée-Bissau est un Etat trafiquant de drogue. Les autorités sont impliquées dans des activités terroristes. Ces gens-là sont des terroristes. Ils veulent s'en prendre aux Etats-Unis et à ses voisins. Ils ont perdu toute crédibilité », a-t-il martelé.
Mais le trafic de drogue n'est pas l'apanage des seuls militaires et une bonne partie de la classe politique commence à trembler. Récemment le procureur de Bissau, Abdu Mané, a ressorti une vieille affaire de drogue impliquant Aristide Gomes, l'ancien Premier ministre ainsi que son ministre des Finances et son secrétaire d'Etat à la Sécurité. Les trois hommes sont soupçonnés d'avoir volé et revendu 670 kilos de cocaïne saisis par la police. D'après un proche du procureur, d'autres affaires de drogue devraient bientôt sortir des tiroirs : elles impliqueraient d'autres leaders du PAIGC, le parti historique de Guinée-Bissau.
L'armée et la classe politique étant étroitement imbriquées, c'est tout le système d'Etat qui est actuellement secoué par la crise.
→ Pour poursuivre :
- Le chef d’état-major des armées de Guinée-Bissau, Antonio Indjai, inculpé par un juge américain
- Comment la DEA a piégé Bubo Na Tchuto et ses complices ouest-africains et colombiens