Sous l’ancien régime, il était le gendre favori. Certains le voyaient déjà en successeur de Ben Ali. En janvier 2011, lorsqu’éclate la révolution, Shaker el-Materi est à peine âgé de 30 ans, mais déjà député, millionnaire, à la tête d’un empire économique et médiatique.
Après un détour par la France, la chute de la dictature le pousse à fuir, d’abord vers le Qatar. Malgré un mandat d’arrêt international pour corruption, trafic d’armes et blanchiment d’argent, l’Emirat, où il détient encore de solides relations, lui offre le statut de résident. Grâce à ses liens avec la famille régnante, pendant près de deux ans, le mari de Nesrine Ben Ali mène grand train à Doha. Mais les pressions de Tunis finissent par pousser l’émir à décider son éloignement.
Après le Qatar, le dignitaire de l’ancienne dictature tunisienne finit par trouver refuge sous le soleil des Seychelles. Une humiliation de plus pour le pouvoir tunisien, qui avait d’abord annoncé son arrestation par les autorités seychelloises, alors que ces dernière, au contraire, viennent lui offrir un permis de séjour d’un an, estimant non réunies les conditions d’un procès équitable en Tunisie. Décision jugée inacceptable par une diplomatie tunisienne impuissante.