Avec notre correspondante à Dakar, Carine Frenk
Selon un de ses avocats, c’est lundi, en fin d’après-midi, que des gendarmes sont venus au domicile de Karim Wade. Ils ont présenté une convocation et l’ont prié de le suivre. Le fils de l’ancien président est retenu à la section « recherches » de la gendarmerie de Colobane. Selon Me Demba Ciré Bathily, il a été placé en garde à vue dans une gendarmerie à Dakar « avec sept à huit personnes », dont un directeur d'une société aéroportuaire d'assistance au sol et un ancien responsable de l'aéroport de Dakar. Plusieurs dizaines de militants de l’ancien parti au pouvoir le PDS s’étaient rassemblés dans la soirée en signe de protestation.
« Kidnapping ! »
Joint par RFI, l’ancien garde des Sceaux, Maître Amadou Sall, qui est l'un des avocats de Karim Wade, y voit une preuve supplémentaire que cette procédure est menée selon un agenda politique : « Nous sommes dans le non-droit. Nous avons en face de nous un gouvernement hors-la-loi », affirme-t-il. Pour lui, Karim Wade a tout simplement été « kidnappé ».
« Rien ne justifie l’arrestation de Karim Wade. Pendant huit mois, il a fait l’objet d’une enquête de police, une enquête de police politique d’ailleurs. Après huit mois d’enquête, le procureur spécial a fait une mise en demeure à Karim Wade d’apporter une réponse sur un patrimoine qui lui est attribué. Il avait un mois pour le faire. Il l’a fait en déposant 3 000 pages. Moins de trente minutes plus tard, le procureur le convoque pour le mettre en garde à vue, alors que l’enquête est terminée, il n’ya plus d’enquête à faire, donc, c’est du kidnapping ! (...) Karim Wade a été kidnappé par un gouvernement revanchard ! (...) Nous allons mobiliser nos militants. On se battra contre l’injustice. Nous saisirons la justice sénégalaise tout comme la justice de la Cédéao. »
En plus du dossier de 3 000 pages fourni par les avocats de Karim Wade, 240 documents ont été déposés. Parmi eux figurent des attestations, des registres d’actionnaires, des déclarations de souscription et de versements notariés émanant des principales sociétés qui montrent que, selon ses avocats, ces sociétés n’appartiennent pas à Karim Wade. Pour le moment, aucune information officielle n'a été donnée sur les motifs de cette interpellation.