Guinée: la date des législatives est fixée, l'opposition appelle à manifester

En Guinée, la date des prochaines législatives est fixée au 30 juin. Le décret est signé du président Alpha Condé. Faute de consensus avec l'opposition sur l'organisation d'un scrutin « libre et transparent », les législatives avaient été maintes fois repoussées. Aussitôt le décret signé, les principaux chefs de l'opposition se sont réunis, dimanche 14 avril, à Conakry, et ont appelé à des manifestations pacifiques dans tout le pays à partir de jeudi, pour protester contre ce qu'ils considèrent comme un « déni de démocratie ».

C’est par un décret, qui a surpris bon nombre de Guinéens, rendu public samedi, qu’Alpha Condé a convoqué le corps électoral, le 30 juin, pour les législatives. Celles-ci ont été maintes fois repoussées depuis 2011, faute de consensus avec son opposition sur l’organisation d’élections libres et transparentes.

Le décret va-t-il mettre un terme à la détente du climat politique amorcée il y a quelques jours, à l’initiative du Premier ministre Mohamed Saïd Fofana, parce qu’opposition et majorité se rejettent la responsabilité du retard pris dans l’organisation des législatives ?

L’opposition dénonce« le caractère dictatorial du régime » et le soupçonne de vouloir préparer des fraudes pour obtenir la majorité à l’Assemblée nationale. Elle dénonce en particulier le choix de l’opérateur technique sud-africain Way Mark chargé de réviser le fichier électoral qu’elle accuse de partialité.

« Notre première réaction va se traduire par la reprise de nos manifestations sur les voies et les places publiques, a annoncé Aboubacar Sylla, porte-parole de l'opposition. Jeudi prochain, nous enchaînerons avec d’autres manifestations, d’autres marches, d’autres meetings, jusqu’à ce que nos revendications soient acceptées. Il n’est plus question pour nous de demander aujourd’hui un dialogue avec un gouvernement qui ne respecte pas la parole donnée, avec un gouvernement qui n’a aucune ouverture par rapport à la concertation. Nous n’arrêterons nos manifestations que lorsque la décision sera prise de résilier purement et simplement le contrat avec Way Mark et Sabari et de confirmer le vote des Guinéens de l’étranger ».

Le gouvernement joue l’apaisement

Le porte-parole du gouvernement, Albert Damantang Camara, estime que rien ne s’oppose aujourd’hui à l’organisation parfaite de ces élections. Dans une déclaration sur les médias d’État, il a indiqué que le gouvernement n’a pas l’intention de s’immiscer dans les affaires de la Céni, qui, selon lui, est une institution indépendante qui a dit qu’elle est prête pour l’organisation de ces élections législatives, dont les dernières remontent à juin 2002, sous le régime du général Lansana Conté. « Tout ce que nous faisons, c’est donner la garantie politique à des élections transparentes, sécurisées et apaisées », a déclaré Albert Damantang Camara.

Le gouvernement a invité l’opposition à ne pas rompre le dialogue : « Le dialogue va se poursuivre parce que le fil du dialogue ne doit pas être rompu. Il est important de noter que le décret que nous venons de prendre ne signifie pas la fin du dialogue », a ajouté le porte-parole du gouvernement.

L’opposition a demandé à ses représentants, dans toutes les structures de la Céni, de suspendre leur participation.

 

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