Un reportage de notre envoyé spécial à Bangui
Il est environ onze heures. Le convoi d’une douzaine de véhicules s’apprête à quitter le palais présidentiel. Dans la voiture de tête : le colonel Ali Bichara. Agé de 46 ans, cet ancien marchand de chaussures de première qualité au beau visage taillé à la serpe se définit lui-même comme « un homme simple, pas compliqué. »
Tout le monde embarque dans les véhicules. Dans celui du colonel Bichara, une balle a traversé le pare-brise au niveau du conducteur. « Ma voiture, je l’ai récupérée dans les mains des Sud-Africains, dans les combats au PK 12 », annonce-t-il fièrement. Son fusil israélien, il l’a également pris aux militaires sud-africains.
Quelques centaines de mètres après le départ, le convoi fait un premier arrêt devant une buvette, où deux jeunes en treillis sirotent un soda. Ce premier arrêt est fructueux : deux fusils mitrailleurs sont récupérés, les numéros des armes et le nom de leurs détenteurs sont notés.
Des combattants parfois récalcitrants
Puis, le convoi s’enfonce dans des quartiers, la récupération continue. Les armes commencent à s’amonceler, mais les ordres de cantonnement immédiat ont parfois du mal à passer. Certains rechignent bruyamment, négocient et débattent.
Au milieu d’une grande artère, on frôle la fusillade lorsqu’un grand gaillard et ses équipiers refusent de se laisser désarmer. Par chance, plusieurs officiers font preuve de maîtrise et empêchent l’incident. Et lorsqu’un récalcitrant refuse de laisser une voiture qu’il n’a sûrement pas achetée chez un concessionnaire, la sanction tombe : une balle tirée dans chaque pneu.
Finalement, vers 16 heures, la mission s’achève. La colonne a récupéré 25 armes et des stocks de munitions. Et personne n’a été blessé. Une première positive, mais qui devra se poursuivre pour permettre à Bangui de retrouver sa sérénité perdue.